Quel timing mais quel timing ! Une réunion publique le soir, une rencontre avec l'agence régionale de santé l'après-midi, et un flot de bonnes nouvelles dans la foulée, déversée d'une tribune de la salle Madeleine Sologne vers plusieurs centaines de personnes qui n'en attendaient pas moins. Le spectaculaire retournement de situation n'aura échappé à personne, surtout que cette mise en scène, soignée, s'est déroulée sous le regard intrusif d'une caméra de télévision chargée, apparemment, de mettre en boîte un portrait du maire de Vierzon pour France 3. En tout cas, sous l'oeil d'une caméra. On se demande même si ce que l'on a vu et entendu n'était pas dans le scénario du reportage.
Il y a encore quelques semaines, la chirurgie était moribonde, la maternité et l'obstétrique condamnées, le rapport de la chambre régionale des comptes avait fini d'achever ce qui restait de l'hôpital et un déficit chronique grignotait ce grand corps malade qu'était devenu le centre hospitalier de Vierzon. On commençait à creuser la tombe des services disparus en accusant la nouvelle loi sur la santé et le peu d'intérêt de nos dirigeants nationaux pour leurs hôpitaux.
Puis d'un coup, d'un coup de baguette magique, ce mercredi 3 juillet, voilà qu'on ne dit plus un seul mot du déficit (il n'en a pas été question, pas même une seule virgule lors de la réunion de ce mercredi soir salle Madeleine Sologne) comme on évite de parler des sujets qui fâchent. Vierzon est même devenue un exemple en France de la ville qui a fait plier le ministère de la santé et l'agence régionale de la santé, selon le maire de Vierzon, en campagne dès juillet pour l'échéance de mars 2020.
Rien que ça. Avec Brel et le tracteur, Vierzon sera connue désormais pour avoir fait plier le ministère de la santé. On parie combien que les futurs panneaux d'entrée de ville le mentionneront. "Bienvenue à Vierzon, la ville qui a fait plier la ministère de la santé." On est impatient de savoir si cette phrase fera l'effet escompté à la télévision cet automne, quand le reportage sera diffusé.
Dans le tourbillon du militantisme, c'est vrai qu'on se laisserait facilement étourdir, voire bercer. Si Vierzon avait besoin d'un héros, il s'est autoproclamé, partageant quand même un bout du gâteau avec les Vierzonnais et le personnel hospitalier. On notera aussi l'intervention du responsable de la CGT qui ne souffre pas de lire, dans la presse, autre chose que le compte rendu de ses propres rassemblements et les lignes de ses propres communiqués. Une intervention planifiée et millimétrée qui permet à la gauche radicale de critiquer, ainsi par l'entremise syndicale, les positions de la députée Nadia Essayan. Et de dire que quiconque se fait le relais d'une position qui n'est pas celle de la CGT est un suppôt du gouvernement. C'est vrai qu'à la tribune, on n'était pas là pour faire de la politique. On a donc laissé ce soin à quelqu'un d'autre. De belles images et un joli son pour un beau futur reportage.