Le 13 octobre, Nadia Essayan a parlé à Emmanuel Macron dans l’avion de retour d’Arménie et lui a expliqué ce qui se passait vraiment sur le terrain.
Le maire a affirmé que si l'hôpital était sauvé, c'était grâce à son action et à la mobilisation du personnel et des habitants, est-ce vraiment aussi simple ?
Que veut dire : « l’hôpital est sauvé » ? Sauvé de quoi ? Il a été dans la pire des situations que puisse connaitre un hôpital en France. Je rappelle que dès le mois d’octobre, l’hôpital ne pouvait plus payer les salaires. Rien n’est réglé mais les solutions commencent à venir.
Dès le début, j’ai su ce qui manquait. J’ai dit dans toutes mes déclarations qu’il fallait un vrai projet et une bonne administration. Une plus grande adaptation aux nouveaux besoins et aux nouvelles méthodes de travail. Et j’ai toujours plaidé face à l’Agence régionale de la santé (ARS), à la ministre et au président de la République pour que l’on trouve le moyen de garder coûte que coûte la maternité.
Nous nous sommes tous mobilisés, chacun à sa manière et selon sa place. Pour ma part, j’ai eu de multiples interventions, mais il y a eu deux temps forts et décisifs :
- le 13 octobre, lorsque j’ai parlé à Emmanuel Macron dans l’avion de retour d’Arménie, et que j’ai pu lui expliquer ce qui se passait vraiment sur le terrain
- et à la suite de cela, le 2 novembre, quand la ministre de la Santé m’a appelée alors que j’étais à Buenos Aires au G7 des parlementaires, pour me demander mon avis sur la situation. Nous avons passé vingt minutes à discuter de l’avenir de l’hôpital. C’est à ce moment-là que l’idée de mettre en place une administration provisoire a pris forme.
Il y a une volonté forte chez mes opposants de faire croire que je ne sers à rien. Quelquefois je me demande si cela ne cache pas une forme de jalousie ou de misogynie. Il est vrai que notre ville n’a pas été habituée à avoir une députée de la majorité.
Pour ce qui se passe sur ma circonscription, je suis le maillon avec le ministère, et j’ai leur confiance, contrairement au maire de Vierzon qui passe son temps à critiquer l’action de la majorité et qui est capable de faire des sourires aux ministres qui viennent tout en les attaquant derrière leur dos. Mais personne n’est dupe. J’envoie au ministère tout ce qui se dit ou s’écrit localement contre la ministre et le gouvernement. Ils savent à qui ils ont affaire. Ce que nous voulons, eux et moi, c’est de préserver l’accès aux soins pour les Vierzonnais dans les meilleures conditions possibles.
Comment a-t-on pu passer d'une situation de fermeture de la maternité et du bloc opératoire à une situation où l'hôpital est sauvé ? Ces menaces ont-elles été vraiment aussi aiguës ?
La proposition de fermeture de ces deux services n’était qu’une proposition parmi d’autres du directeur de l’époque et on en a profité pour monter la sauce. A aucun moment, il n’y a eu d’accord de l’ARS, cela a été répété maintes et maintes fois, mais il n’y a pire sourd que celui qui ne veut pas entendre. Beaucoup de déclarations sur l’hôpital qui serait sauvé, sur les garanties arrachées de haute lutte à l’ARS n’étaient que des coups de com'. Sans aucun fondement.
Plus un mot sur le déficit de l'hôpital. A-t-il disparu ?
Non, évidemment, mais je ne veux pas me prononcer là-dessus plus avant, je préfère laisser les administrateurs finir leur travail y compris sur ce sujet, et nous commenterons leurs propositions lorsqu’elles arriveront.
J’en profite pour dire que, selon moi, les administrateurs n’étaient pas à leur place dans la réunion publique organisée par le maire cette semaine. Ils sont normalement tenus à la neutralité et à un travail dans la discrétion. Mais le maire sait profiter des situations. C’est ainsi que des fonctionnaires qui sont en mission pour l’État se sont retrouvés face au public, à côté d’intervenants qui disaient tout le mal qu’ils pensaient du gouvernement, de la ministre, de la députée et de la presse. Avec France 3 qui filmait pour la gloire du futur candidat, pour couronner le tout ! A leur place, j’aurais quitté la salle mais je ne suis pas sûre qu’ils aient vu tout cela.
Si l'hôpital de Vierzon a vraiment sauvé tous ses services, quel en sera le prix à payer ?
C’est en interne que la réorganisation se fera, avec l’aide des administrateurs. Et cela semble bien se passer, tant mieux ! Les administrateurs sont des personnes de grande qualité et d’expérience qui ont une vision globale, cohérente, avec la conviction que tout s’articule au sein d’un hôpital. Le fait qu’ils soient deux est une bonne idée, cela leur permet de mener leur action avec plus de sérénité et de recul, puisqu’ils partagent ensemble la tâche difficile de mettre en place les grandes lignes d’un fonctionnement durable de l’hôpital.
L'intersyndicale s'est montrée vigilante malgré les annonces. Elle a surtout parlé du sort du personnel. Avez-vous des informations pour améliorer justement leurs conditions de travail ?
Je crois que cela fait partie de la réflexion globale actuellement en cours.
La CGT est intervenue pour dénoncer les lois que vous avez voté. De quelle façon êtes-vous intervenue pour l'hôpital ?
Rien d’étonnant de la part de la CGT de l’hôpital ! Cela dit, je rappelle que je me suis abstenue pour la loi Santé parce que j’estimais qu’elle n’avait pas été assez loin dans les réponses immédiates aux déserts médicaux. Mais pour le reste et globalement, je crois que le gouvernement travaille bien et notre majorité parlementaire aussi.
Mais revenons à la question. Ce que je fais pour l’hôpital ? Je ne ferai pas ici l’historique de ce que j’ai fait depuis deux ans. Simplement, ces dernières semaines :
- J’ai reçu les administrateurs à ma permanence le 27 mai dernier pour un tour complet de la situation de l’hôpital et un échange sur leur mission. Je leur ai demandé de prendre en compte en priorité l’épuisement du personnel. Je leur ai dit aussi que le maintien de la maternité était indispensable.
- J’ai redit tout cela au nouveau directeur de l’ARS, M. Laurent Habert, avec qui j’ai eu une réunion de travail à l’Assemblée Nationale, mardi 2 juillet dernier.
- Par ailleurs, je suis intervenue oralement et par courrier auprès des administrateurs début juin pour la question de la sécurité suite aux agressions qui ont eu lieu à l’hôpital.
- C’était à la demande des syndicalistes avec qui j’ai eu un entretien fin mai, toujours dans ma permanence. Mon intervention semble avoir été positive, ce sont les retours que j’en ai eus, par échange de courriers.
- Enfin, ce jeudi 4 juillet, j’étais en communication avec le directeur général de l’ARS et le ministère pour un rendez-vous à venir avec la ministre de la Santé.
Comme vous le voyez, il y a de multiples interventions de ma part, très régulièrement, et dont je ne fais pas forcément la promotion. L’hôpital de Vierzon fait partie des sujets les plus importants de ma mandature, avec, plus globalement, le difficile accès aux soins dans notre département.