David Lasnier, secrétaire du syndicat CGT Cheminots de Vierzon, réagit au droit de retrait des cheminots ce qui a entraîné d 'énormes perturbations dans les trains. Il s'en explique.
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Le droit de retrait avec danger grave et imminent était-il justifié ?
Bien sûr qu’il est justifié, nous avons évité un drame en Champagne Ardennes. Un TER a percuté un camion de transport exceptionnel sur un passage à niveau. Suite à cet accident, une majorité d'agents de conduite et de contrôleurs de la région de Reims exercent depuis hier leur droit de retrait.
Ces agents alertent une nouvelle fois des dangers de l'Equipement Agent Seul. (Agent de conduite seul). Depuis des années, la CGT Cheminots n'a de cesse de dénoncer ce système.
Un bilan qui tient du miracle ! Puisque 11 personnes sont légèrement blessées sur 70 voyageurs présents !
Le train a déraillé mais sans se coucher ! Le feu a envahi la cabine de conduite.
Le conducteur du TER a dû appliquer lui-même toutes les procédures de sécurité à bord du train, en laissant les voyageurs seuls et faire toutes les procédures sur le terrain afin de protéger son train contre toutes circulations ferroviaire pouvant venir sur la voie contigüe et ceci malgré ses blessures. Avec ces procédures de sécurité, il a permis l’arrêt d’un train arrivant à contre sens. Les conséquence auraient pu être lourdes puisque certains passagers étaient descendus du train dans les voies.
Avec un contrôleur à bord, cela ne se serait pas passé comme cela. Il est formé à ce genre de situation et ce serait occupé des usagers dans ce mouvement de panique générale. 0Je n’ose même pas imaginer ce qu’il s’est passé dans la tête des gens. Tout le monde aurait pu avoir un proche dans cette situation. Vous imaginez un peu ? Je pense que les personnes à bord on mesuré le danger que le conducteur soit seul dans ce moment-là.
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Pourquoi ne pas appliquer ce droit de retrait à chaque accidents de passage à niveaux par exemple ?
Effectivement nous pourrions le faire à chaque incident sur les passages à niveau. Si l’agent se sent en danger, il est libre d’exercer son droit de retrait. Car c’est une action individuelle comme le prévoit le code du travail.
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N’y avait il pas moyen de prévoir un mouvement social spécifique sur l’absence de contrôleurs au lieu de prendre les usagers de court ?
Les faits du 16 octobre ont précipité les choses et il y a un ras le bol des cheminots. Les effectifs sont de moins en moins importants donc les agents sont de plus en plus sollicités pour pallier à ce manque de personnel. Et puis pour organiser une grève à la SNCF il y a un processus de 15 jours entre le moment où les organisations syndicales déposent une demande de concertation immédiate et le premier jour de grève. Ce que les usagers ne savent pas, c’est qu’avant un mouvement de grève, il y a au moins 2 étapes de négociation et de dialogue avec la direction. C’est bien elle qui a le pouvoir de stopper ce processus. Et puis je tiens à préciser quand même que la date n’a pas été choisi comme nous l’avons entendu sur certaines chaines d’information. Oui c’est les vacances scolaires et oui les usagers vont avoir du mal à prendre le train. Mais c’est également pour leur sécurité que nous faisons cela et pas pour les pénaliser où les prendre en otage.
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Quelle est la situation des conducteurs aujourd’hui ? Quelle fréquence de trains sans contrôleurs ?
La situation aujourd’hui sur la mobilisation est très importante, sur la région Centre Val de Loire, peu de trains ont circulés (environ 85% de trains supprimés). Il y a une prise de conscience énorme depuis cette incident. La fédération CGT des Cheminots n’a cessé de le dire à la Direction, dans la presse, dans les tracts que l’EAS était un danger pour les circulations et les usagers. Mais comme à chaque fois, il est de coutume de dire que nous sommes privilégiés de travailler à la SNCF et que ce sont des faux problèmes.
La fréquence des trains qui circulent sans contrôleurs sont les trains Tours – Nevers, Orléans – Nevers via Vierzon/Bourges et Bourges Montluçon sur notre région. C’est juste énorme, vous imaginez le nombre de fois que le scénario qui s’est déroulé le 16 octobre en Champagne Ardennes pourrait se reproduire sur nos lignes ? je vous laisse imaginer au niveau national.
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Quelle sera la prochaine mobilisation ?
La fédération CGT des Cheminots est en réflexion pour rejoindre l’action interprofessionnelle du 5 décembre contre la réforme des retraites. Notre fédération a des propositions sur le sujet, notamment l’élargissement de notre régime spécial à l’ensembles de la branche ( travailleurs du rail).
Quelques initiatives entre temps sur des thèmes bien spécifiques. Le 31 octobre, une action sur le Fret à Rungis notamment pour la sauvegarde de train Perpignan – Rungis que Fret SNCF a décidé de ne plus faire ainsi que le passage en SAS (société anonyme par action simplifiées) au 1er Janvier 2020. Le 5 Novembre, une action gare contre les réorganisations et les suppressions des guichets et le 19 Novembre, une action équipement contre la sous traitance à la SNCF.