Foutue période où des journaux meurent. Quarante-huit personnes sur le carreau, elles travaillaient au quotidien l'Echo, dans cinq départements : Haute-Vienne, Creuse, Corrèze, Dordogne et Indre, dans les bureaux de Limoges, Tulle, Guéret, Périgueux et Châteauroux. L'Echo était un journal créé par la résistance à Limoges pendant la seconde guerre mondiale. Il a été mis en liquidation judiciaire par le tribunal commercial de Limoges.
Au-delà du drame humain et économique, c'est un journal de plus qui disparaît. Moins de recettes publicitaires, moins de lecteurs et un canard de plus au cimetière de la presse en général, de la presse régionale en particulier. Plus rien ne résiste à la dictature du tout numérique, et surtout pas le geste simple d'acheter un journal en kiosque et d'en tourner les pages en buvant un café sur le coin d'un comptoir. Comme les bistrots, les journaux ferment.

La mort d'un journal, c'est surtout celle du pluralisme. Combien de départements en France compte encore deux journaux qui se font face ? Les journaux papier sont en sursis, sauf que personne, encore, à quelques exceptions près (citons Médiapart) n'a trouvé la solution de la rentabilité numérique. Paradoxalement, le papier fond à vue d'oeil, faute d'acheteurs, mais le numérique ne remplit pas les caisses.
Alors voilà. L'Echo a cessé de paraître. Il a cessé d'irriguer les territoires, de prendre rendez-vous avec ses lecteurs le matin, de porter une histoire, un témoignage, un point de vue, une façon de traiter l'actualité. Derrière cette façade de papier, il y avait surtout des hommes et des femmes, aujourd'hui terrassés par l'absence de leur outil de travail. Jusqu'où s'arrêtera ce naufrage, dans une société qui se gargarise de réseaux sociaux, de buzz, d'instantanéité et de superficialité.
Haute-Vienne, Creuse, Corrèze, Dordogne et Indre
Le journal a été créé en 1943 sous le nom de Valmy ! et diffusé clandestinement pendant la guerre. Il a ensuite été baptisé L'Écho du Centre, puis L'Écho, très ancré à gauche avec une ligne antilibérale et un temps, après guerre, « strict porte-parole du parti communiste », selon son histoire publiée sur son site internet.
Marcel Rigout, ancien député et ministre communiste du gouvernement de Pierre Mauroy, a été directeur du journal de 1958 à 1987.
« C'était le quotidien de la classe ouvrière. Il était très implanté, très enraciné dans les campagnes. Ce canard, c'était un patrimoine », a expliqué à l'AFP Georges Châtain, journaliste à L'Écho depuis 1970.