Un plan de redressement financier déguisé en plan de performance, rationalisation, réorganisation, mutualisation, économies dans la gestion des emplois, polyvalence des agents... Ce qui est fascinant, c'est que les mêmes mots et les mêmes solutions reviennent depuis plus de trente ans. Les administrateurs provisoires de l'hôpital ont fait le tour de la question et ce qui frappe, c'est le prix à payer : l'offre de soins est maintenue à condition de rogner sur le personnel et leur qualité de vie au travail. Deux syndicats sont montés au créneau, Sud santé et la CFDT, pour dénoncer ce sacrifice.
La CGT et FO n'ont encore rien dit. Mais l'un est un allié historique de la gauche de la gauche vierzonnaise, l'autre fait partie du projet municipal de la gauche de la gauche, teintée de macronisme pour 2020. En gymnastique, on appelle cela le grand écart. Difficile d'être objectif face à ce énième plan de sauvetage quand il a été présenté comme l'oeuvre façonné à la main par les élus de Vierzon.
Même avec de la confiture, et du sirop d'érable, la tartine n'est pas digeste. Les administrateurs provisoires ont beau s'entourer des précautions sémantiques qui servent à dissimuler des vérités crues, pas besoin d'être devin pour lire entre les lignes. "On adapte les effectifs en fonction du nombre de patients"; "Des fois il y a trop de monde, d'autres pas assez", pas assez c'est ce que dénoncent la CFDT et Sud. "Travail de réorganisation", "il n'y a pas de plan social", en général cette précaution n'est pas nécessaire quand il n'y en a vraiment pas.
"On rationalise", "on ne va pas solliciter une mensualité de remplacement ou un agent de remplacement tant que ce n'est pas nécessaire". Sauf que "le nécessaire" diffère énormément si l'on est de la direction, des agents des services et des syndicats. "On ne sollicite pas quelqu'un pour travailler en plus". En clair, on garde les services, mais il va falloir serrer la ceinture du nombre d'agents. Il y a trente ans, les mêmes solutions ont produit l'effet de 2019. Plus d'intérim trop coûteux, mais pas d'embauches non plus. Tout ça pour quelques centaines de milliers d'euros quand le déficit se chiffre en millions.
On nous reparle de la mutualisation avec Bourges, chimère qui sert à remplir une ligne, comme le développement de l'activité (qui n'en a pas envie franchement...), l'optimisation du bloc opératoire, (récurrent depuis des décennies), l'amélioration des activités traditionnelles, (comme si les directeurs précédents avaient agi contre cela). Mais on ne va dire plus de mal, l'hôpital sera au cœur de la campagne des municipales, et le plan des administrateurs servira de bilan. Qui refuserait de voter pour une équipe qui a sauvé un hôpital ? On ne parle plus d'enveloppe de l'Agence régionale de santé, mais d'un retour à l'équilibre structurel pour 2021. Pas de doute le timing est bon. La face est sauvée mais la qualité du travail des agents passe à la trappe. On ne peut pas tout avoir. Après mars 2020, advienne que pourra. Mais en attendant...