Avait-on déjà vu Herminio Cabrera, 87 ans, ailleurs que sur deux roues, ou à pattes, cheminant dans on ne sait quelle contrée ou quel pays. Globe-trotter, Herminio, à condition qu'il y ait un vélo ou des chaussures de randonnée. Il s'en est allé, Minio. Parti sur une piste cyclable ou un chemin de randonnée, quelque part, on ne sait où. Loin, c'est certain. Omniprésent dans la vie associative, Herminio Cabrera avait aussi fréquenté la vie politique et publique en devenant maire-adjoint aux travaux du maire Jean Rousseau.
A ce propos, Olivier, l'un de ses deux fils, avait d'ailleurs évoqué brièvement cette vie publique dans une interview accordé à ce blog, pour son engagement sur la liste de Yann Galut, à Bourges, lors des dernières élections municipales. "J’ai vu comment il (NDLR : Max Albizzati, premier adjoint de Jean Rousseau) permettait à des gens de terrain de prendre des responsabilités, et d’agir concrètement. Mon père n’était pas engagé en politique mais il connaissait par cœur l’état des rues de la ville pour les pratiquer à vélo ! Il pouvait parler de sport pour avoir mis des centaines de personnes en selle ou … en marche … ?! Je garde en tête une des phrases de mon grand-père que mon père me cite encore régulièrement : « J’étais un immigré espagnol, fuyant Franco et la dictature, et la France nous a accueilli, sincèrement. Nous ne devons pas être des français comme les autres nous devons essayer d’être meilleurs que les autres.»
Voici l'hommage d'Olivier, l'un de ses fils.
"Celui qui vous apprend à marcher, celui qui plus encore vous apprend à rouler, celui qui vous apprend à penser, celui qu’on aime détester, pas longtemps, celui qu’on voit inlassablement réunir les autres, celui qu’on imagine toujours disponible, celui qu’on doit disputer aux autres pour exister un peu, celui qui chaque dimanche emmenait les autres sur les routes, les chemins, celui qui prenait la tête du convoi non pour être devant mais parce qu’il pensait connaitre le chemin, celui qui consacre sa vie aux autres à Vierzon comme en Europe, celui qui vous apprend la République sans en dire un mot mais en la vivant comme un idéal au quotidien, celui qui n’ignorait personne du plus prestigieux au plus humble, celui qui avait un mot ou un sourire pour tous, celui qui était chez lui partout quitte à acheter son pain en pantoufles, celui qui avait soif de découvrir de nouveaux horizons mais qui commentait chaque paysage télévisé par un très agaçant « je me souviens : j’y suis passé en vélo », celui qui levait le doigt quand il fallait une bonne volonté, celui qui vous émouvait aux larmes en jouant sincèrement avec vos enfants sur ses genoux, celui qui vous fait aimer la France parce qu'il la connait accueillante et solidaire, celui qui m’a permis de décider de ce que je suis, en bien comme en moins bien, celui qui n’aura pas supporté qu’on lui impose la distance, l’éloignement, l’enfermement lui qui ne vivait que pour le collectif, la tolérance, l’esprit de groupe et l’ouverture. Il était tout ceux-là pour moi et bien plus encore. Il reste à jamais mon père et il me manque déjà."