Vierzonitude entame une série d'interviews de nos maires-adjoints et conseillers délégués puisque, chose nouvelle, dans cette mandature, chaque conseiller municipal de la majorité possède une délégation. Vierzonitude va donc adresser à chacun une interview en rapport avec son domaine de prédilection. Et nous attendrons les réponses. La première interview a été adressée à Djamila Kaoues, conseillère municipale déléguée aux droits de l'homme, à l'égalité femmes hommes et à la lutte contre les discriminations. Elle nous a répondu. Nous publions cet entretien.
Vous vous êtes beaucoup exprimée pendant le confinement. Y compris sur ce blog. Quel regard portez-vous sur la crise sanitaire et face à ces voix y compris dans votre majorité qui s'élèvent contre la privation des libertés suite au confinement et au port du masque ?
Durant le confinement, l’écriture a été libératrice et précieuse pour moi. Je me suis en effet exprimée, notamment sur votre blog, parce que l’expression y est libre et que votre blog est consulté par de nombreux Vierzonnais, ce qui m’a permis de maintenir un lien avec mes concitoyens. Le virus de la covid et les crises qui en découlent sont sans précédent. Nous sommes confrontés à un virus qui perdure et dont nous connaissons finalement peu de choses. Pour autant, force est de constater qu’il continue de s’étendre à travers le monde, même si nous avons bénéficié d’un peu de répit après le confinement. En mars-avril, les Français ont majoritairement respecté le confinement et les gestes barrières ont permis l’amélioration de la situation sanitaire. Aujourd’hui, même si la létalité du virus a diminué, on constate un rebond des contagions. Je trouve plutôt intéressant le débat sur ce sujet. C’est dire que les libertés individuelles sont un socle de notre démocratie ! Personnellement, je ne perçois nullement les gestes barrières comme étant une privation des libertés. J’aurais cependant préféré que nous options pour le masque systématiquement, sans que l’on nous y oblige, car il faut être conscient que c’est là un enjeu de santé publique et le seul moyen pour éviter la propagation du virus, en l’absence de traitement efficace avéré.
Je perçois le port du masque (qui, je l’avoue, peut s’avérer contraignant quand il fait chaud) comme étant un geste à la fois responsable et solidaire. Je me protège moi et, de ce fait, je protège l’autre. L’enjeu justifie largement de faire l’effort de respecter une distance avec autrui et de porter un masque ! Il est normal et sain de débattre de la question des libertés individuelles et de la pénibilité du port du masque. Toutefois, nous avons le privilège d’avoir la campagne tout près. La nature est une véritable bouffée d’oxygène, ce qui justifie plus que jamais de la préserver sans nous en priver !

Votre délégation concerne les droits de l'homme, comment comptez-vous agir dans ce sens à partir de Vierzon ?
Je préfère l’expression de droits Humains plutôt que droits de l’Homme, une formulation inclusive qui constitue plus qu’une modification sémantique. Vierzon est une ville solidaire qui concentre aussi une population en transit, des migrants ou réfugiés. J’ai été sollicitée durant cet été pour leur venir en aide, en particulier pour résoudre des problèmes de mal-logement. Beaucoup connaissent des situations souvent douloureuses auxquelles nul ne peut rester insensible. Sans doute mes propres origines et le parcours de ma famille, venue d’Algérie dans les années 1970, contribuent-ils à me sentir proche de ces enfants, de ces femmes et de ces hommes qui aspirent simplement à une vie libre et digne. En diverses occasions, dans le passé, j’ai eu à cœur d’apporter aide et écoute à celles et ceux qui tendent la main, bien avant que cette délégation nouvellement créée me soit attribuée.
De façon générale, je travaille en proximité étroite avec des associations locales et différents partenaires qui font un travail formidable sur notre territoire au bénéfice de Vierzonnaises ou d’étrangers installés chez nous. C’est un préalable indispensable pour mener à bien ma mission.

Vous êtes aussi déléguée à l'égalité femmes hommes, avez-vous déjà repéré des problèmes dans ce sens sur lesquels vous comptez agir à Vierzon ?
Je suis en train d’effectuer un travail de veille et de suivi, précisément pour remonter des situations problématiques. En parallèle, je m'atèle à veiller au respect des obligations réglementaires comme le suivi des politiques municipales au sein des services de la ville à travers un rapport sur l’égalité femmes-hommes, ou encore une évaluation des mesures en faveur des usagers et administrés, etc. J’opte pour une politique volontariste afin d’accompagner, entre autres, les institutions sur ce sujet. Par ailleurs, Vierzon bénéficie d’un riche tissu associatif dont nous pouvons être fiers. Je songe à impliquer la municipalité, à travers son réseau d’associations, dans un travail pédagogique sur ce sujet, avec des interventions auprès du grand public.
Mon métier d’enseignante m’a appris qu’il est indispensable de cibler les jeunes dans le cadre d’activités de sensibilisation, afin d’influer sur les mentalités pour que soit actée l’idée que l’égalité entre hommes et femmes est une cause qui engage l’avenir de la société. L’objectif est que tous saisissent que la démocratie ne peut exister pleinement sans une réelle égalité entre hommes et femmes.

Enfin, votre délégation vise aussi à lutter contre les discriminations. Est-ce à dire que nous allons voir fleurir des actions purement locales et vierzonnaises ou comptez-vous vous inscrire dans un schéma national ?
Nous évoluons dans une période assez troublée, dans une société en perte de repères où l’intolérance tend à s’exprimer ouvertement. La lutte contre les discriminations que j’entends mener consiste à traquer les inégalités de traitement à raison de l’origine des individus, dans des secteurs aussi divers que l’éducation, la santé, le travail, l’accès au logement, etc. Pour répondre à votre question, je compte m’appuyer sur des institutions et organes nationaux, comme l’Observatoire des discriminations qui propose des études fort utiles, tout en promouvant localement la compréhension interculturelle et interconfessionnelle à travers des forums, rencontres, ateliers d’échange et diverses activités, afin d’alimenter notre réflexion, apprendre à nous connaître, et combattre concrètement les discriminations.

Vous avez quitté le P.S pour Europe Ecologie les Verts. Pas trop déçue de ne pas avoir une délégation en rapport avec vos convictions politiques ?
L’écologie politique est une condition essentielle au vivre ensemble. Je veille à conduire mes différentes missions dans la continuité de mes combats et en conformité avec les valeurs d’EELV que je porte comme une véritable philosophie de vie. Les écologistes incarnent d’immenses espoirs et, bien que les défis soient grands, je suis persuadée qu’aux côtés de François Dumon, nous défendons des politiques de proximité, d’équité, de solidarité, aussi bien en zones urbaines que rurales. Pour la première fois, EELV fait son entrée au sein de la communauté de communes « Vierzon Sologne Berry » et je sais que cet ancrage territorial permettra aux écologistes de voir leur nombre s’accroître, au-delà de notre cercle politique.

Quelle (s) action (s) comptez-vous mener, prochainement, dans le cadre de votre délégation ?
Dans le cadre de ma délégation municipale, je souhaite développer des activités de proximité avec mes concitoyens pour être à l’écoute de leurs doléances, remarques, critiques, avis, etc. Pour ce faire, je proposerai un séminaire sur la laïcité, un thème incontournable de société, dont il faut rappeler les fondements. Concernant ma délégation communautaire, je retrouve une équipe forte, compétente, ambitieuse, expérimentée, qui va nous permettre de porter des projets de territoire, par exemple sur les énergies renouvelables mais aussi de poursuivre la mise en œuvre du plan climat, air-énergie ou bien encore la DDémarche qu’il convient de consolider et faire vivre. Nos actions sont des réponses durables pour le monde de demain, en faveur de la valorisation de nos villes urbaines et rurales et manifestent par là même, notre attachement à nos terres du Berry.

J’aimerais profiter de cet entretien pour informer nos concitoyens du fait que l’association « Nous voulons des coquelicots », qui lutte depuis deux ans déjà, contre l’utilisation de tous les pesticides, propose un dernier rassemblement le vendredi 4 Septembre 2020. Le lieu vous sera communiqué très prochainement. Le combat contre les pesticides revêt un enjeu capital pour nous tous et pour l’avenir de nos enfants. Merci à tous !