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Vierzonitude

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La parole à nos élus : Frédéric Dupin, délégué à l'insertion et au territoire zéro chômeur

Publié par vierzonitude sur 7 Décembre 2020, 06:40am

Vierzonitude poursuit sa série d'interviews de nos maires-adjoints et conseillers délégués puisque, chose nouvelle, dans cette mandature, chaque conseiller municipal de la majorité possède une délégation. Vierzonitude va donc adresser à chacun une interview en rapport avec son domaine de prédilection. Et nous attendrons les réponses. Voici celles de Frédéric Dupin, conseiller municipal délégué à l'insertion et au territoire zéro chômeur.

La parole à nos élus : Frédéric Dupin, délégué à l'insertion et au territoire zéro chômeur

Dans l'ordre protocolaire, vous êtes le dernier conseiller municipal pourtant chargé de l'insertion et du territoire zéro chômeur ? Pas trop chagriné ?

Je suis en effet le dernier dans l’ordre protocolaire. Cela peut en effet interroger, mais il en fallait bien un ! Etre le dernier ne me gêne pas pour autant, seulement si la délégation qui m’a été confiée trouve sa place dans le projet municipal et pour toutes les composantes qui l’animent. Faute d’être le dernier de cette liste, il ne faudrait pas que l’insertion et le dispositif territoire zéro chômeur longue-durée, soient laissés pour compte !

Si l’on veut construire un territoire inclusif pour tous, il faut en effet, avoir un réel portage politique sur le plan local avec les acteurs locaux qui interviennent dans ce champ de compétences : Pôle Emploi, Mission locale, structures d’insertion, entreprises locales, Etat et les autres collectivités locales Conseil Départemental du Cher, Conseil Régional Centre Val de Loire.

La municipalité conduit depuis plusieurs années une politique d’insertion et d’intégration dans les services avec la titularisation des personnels précaires qui avaient été recrutés dans le cadre de contrats aidés, le recours à l’apprentissage et par la signature d’un marché public réservé à des structures d’insertion par l’activité économique et ou du champ du handicap afin de confier des prestations techniques comme support d’activités d’insertion (entretien des locaux des écoles, sous-traitance en espaces verts, petits travaux de second œuvre bâtiment etc).

 

Plus sérieusement, expliquez-nous ce qu'est un territoire zéro chômeur ?

Le territoire zéro chômeur longue durée répond sur un territoire cible identifié de 5000 à 10000 habitants. Il vise à éradiquer très largement le chômage de longue durée sur celui-ci. Il s’agit en même temps de répondre à des besoins non satisfaits et de proposer des emplois à temps plein à des personnes au chômage de longue durée. En France, il y a avait jusqu’à peu 10 territoires labellisés territoires zéro chômeurs longue durée.

Depuis quelques semaines, le législateur vient d’entériner la possibilité d’ouvrir ce dispositif à 50 nouveaux territoires. Il y a lieu d’associer tous les acteurs œuvrant dans le champ de l’insertion, la formation, l’emploi et l’économique. Tous doivent être parties prenantes dès la constitution du projet.

Cela donne lieu à la mise en place d’un consortium local, appelée « la fabrique du consensus » pour accompagner les demandeurs d’emploi volontaires et trouver les activités économiques utiles au développement local du territoire. Une fois, cette architecture installée, une EBE (entreprise à but d’emploi) est créée. En cela, ce dispositif est complémentaire de tout ce qui existe déjà et permet d’aller plus loin encore.

 

Vierzon est longtemps restée lanterne rouge du chômage en région Centre, où en est-on ?

Vierzon demeure toujours le bassin de la Région Centre qui cumule un taux de chômage plus important que les autres bassins d’emploi. Le chômage de longue durée y est d’ailleurs supérieur. Il n’en demeure pas moins que depuis plusieurs années, Vierzon est passée d’un taux de chômage de 17% à 12% en l’espace de 10 ans.

Le nombre d’allocataires du revenu de solidarité active y est parfois très supérieur par rapport à d’autres territoires du département du Cher. Là où en Région Centre Val de Loire, le taux est de 8%, celui du bassin d’emploi de Vierzon est de 12%.

 

Est-ce qu'à Vierzon, plus qu'ailleurs, l'insertion doit être un vrai investissement et pour quelles raisons ?

Vierzon doit en effet effectuer un virage à 360 degrés sur sa politique d’insertion compte tenu de son taux de chômage historiquement haut et faire en sorte que cette orientation trouve toute sa véracité à l’échelle de la communauté de communes.

L’investissement passe donc par un service dédié au sein de la collectivité qui doit avoir pour mission de réunir tous les acteurs concernés, les associés pour faire un diagnostic et d’œuvrer à la recherche de solutions créatrices d’emplois adaptées aux différentes catégories de chômeurs. Il n’y a pas une solution, mais des solutions plurielles. Il faut donc une réelle architecture locale où on pratique le diagnostic, où on élabore des actions et on partage une évaluation.

A l’heure où émergent des enjeux de plus en plus prégnants autour de la transition écologique, de l’alimentation, du traitement des déchets, de l’éco-construction, il existe une vaste place pour la création d’une plate-forme locale d’insertion pour répondre en même temps à la question du chômage et du développement local. L’économie sociale et solidaire représente 10.1 % de l’emploi dans le territoire et il y a encore des marges de manœuvre.

La plate-forme doit permettre l’animation du dispositif, la constitution de consortium d’acteurs, la capacité à mobiliser des financements pour le territoire, et donc d’être l’ingénierie du développement local.

 

Expliquez-nous les actions municipales actuelles en matière d'insertion et quels projets comptez-vous mettre en place dans les mois et les années qui viennent ?

Comme je le disais plus haut, la municipalité accorde des marchés réservés à des structures de l’économie sociale et solidaire (association en charge du handicap et association d’insertion) ou répond à ses obligations pour ce qui relève des clauses d’insertion dans les constructions prévues dans le cadre du programme de renouvellement urbain.

En effet, un certain nombre d’heures de travail doivent être réservées à des publics « dits prioritaires », soit en direct, ou soit en ayant recours à des prestations réalisées par des structures de l’insertion par l’activité économique ou du handicap.

 

Avez-vous en tête un projet qui concerne votre délégation et que vous aimeriez voir aboutir ? 

Il y a en effet un projet qui me tient à cœur qui serait la constitution au sein de la ville et ou de la communauté de communes, d’une plate-forme de projet ESS / insertion / formation / emploi qui regroupe l’ensemble des parties prenantes sur les thématiques de l’insertion, la
formation, l’emploi, le développement local et l’économie sociale et solidaire.

Pour ma part, il n’y a pas de concurrence entre l’économie dite classique et marchande et l’économie non marchande de l’économie sociale et solidaire. L’une et l’autre doivent et peuvent cohabiter ensemble dans l’intérêt de nos concitoyens. Notre rôle est de créer les passerelles et les accompagnements nécessaires pour sécuriser les parcours professionnels pour les publics demandeurs d’emploi.

Il y a d’ailleurs autant d’opportunités à accompagner l’emploi avec une plate- forme logistique que de générer des emplois non délocalisables dans le secteur non marchand. Notre offre territoriale pour la population doit conjuguer les deux. Tout cela est un facteur d’attractivité pour notre territoire. La responsabilité est enthousiasmante tellement nous pouvons sur ce territoire être en mesure d’accompagner les transitions à l’œuvre : économique, démographique, sociale et environnementale.

La taille et le positionnement de notre territoire nous le permet. Alors OSONS collectivement et ne perdons jamais de vue que le droit au travail a été repris dans le préambule de la Constitution de 1946, et par la Constitution de 1958 : "Chacun a le devoir de travailler et le droit d'obtenir un emploi ».

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W
"Tout cela est un facteur d’attractivité pour notre territoire."<br /> Quelle attractivité ? Celle d'une économie "sociale et solidaire " sans aucune valeur ajoutée ?<br /> Vierzon garde le cap vers une vitrine-ghetto sans avenir qui coutera toujours plus cher que ce qu'elle produira en termes de richesses.<br /> Démonstration réussie d'un échec annoncé.
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A
Souhaitons que cette EBE, largement soutenue financièrement par les collectivités, soit gérée comme une véritable entreprise, et donc préservée de l'idéologie ambiante. Car si l'on en croit les propos de son initiateur, le virage à 360° risque bien de nous ramener au point de départ...
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