La paresse intellectuelle privilégie, par l'intermédiaire des réseaux sociaux, soit l'insulte facile, soit l'affirmation définitive qui élude tout débat d'idées. Et jette aux orties l'effort de la contradiction argumentée. S'opposer à une personnalité politique, c'est s'opposer à l'idée qu'elle défend. Il faudrait donc faire abstraction de la personne même pour s'attaquer aux fondements de son point de vue. Le débat, ce n'est pas s'attaquer aux personnes mais juguler ce qu'elles véhiculent.
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Pourquoi Vierzonitude dit cela ? Parce qu'un débat fait rage, en ce moment sur les réseaux sociaux, à propos d'un internaute qui, usant de sa liberté d'expression (ce qui signifie pas qu'il utilise l'option de la finesse) qualifie une élue (le féminin a de l'importance) d'invisible. La destinataire y voit l'hydre du sexisme. L'expéditeur s'en défend. Au-delà de cette querelle qui ne sera pas tranchée ici, (la justice s'en chargera si besoin) on notera surtout les points de vue de l'échange.
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Pourquoi attaquer la personne politique et non pas son discours, les idées qu'elle défend, ses votes, ses choix, ses prises de position ? C'est cela le débat : contrer par des arguments, des éclairages, des points de vue différents, l'action politique d'un élu, d'un groupe d'élus ou d'un parti politique. Mais insister sur l'invisibilité d'un ou d'une élue, ce n'est pas alimenter le débat, c'est le fermer d'une affirmation définitive qui verrouille les échanges.
Qu'est-ce qui est invisible ? La personne en elle-même parce qu'on ne la voit pas ? Son action ? Sa politique ? Ou veut on la faire passer pour invisible pour mieux dénigrer son travail qui, d'ailleurs, n'est pas remis en cause ? Les échanges sur les réseaux sociaux favorisent cette stérilité rampante car chacun se croit le propriétaire d'un petit bout de terre sur laquelle il croit pouvoir tout se permettre. Sans respecter son environnement, ni ses voisins. Ce qu'il ne ferait pas dans la réalité. Ce qu'il ne dirait sans doute pas non non plus en cas de vis-à-vis.
Ainsi, certains confondent le débat politique ou le débat d'idées avec l'invective. Et considère qu'un propos tranché, voire une insulte, est une opinion et une vérité. Dire à une élue qu'elle est invisible, ne remet pas en cause son travail, ses idées ou ses inclinaisons politiques mais cherche à montrer son inutilité. Or, combattre les idées que cette même élue véhicule serait plus productif. Encore faut-il que les détracteurs en aient les ressources. Sacrifier la discussion au bénéfice de l'invective, c'est économiser un débat dont la démocratie a besoin et dont la stérilité intellectuelle se repaît.