Si la parole politique est à ce point dévoyée, c'est qu'elle a le don de ne pas être crédible. Ou du moins prudente. mais on sait tous que la politique exige ni prudence, ni sobriété. En plus de marteler que la plateforme logistique géante de Virtuo apportera à Vierzon "plus de trois cents emplois" quand on sait qu'il y a dans ce chiffre des emplois déjà existants (les chauffeurs routiers), voilà qu'en cette rentrée, notre bon maire nous honore d'une autre belle promesse chiffrée : "plusieurs centaines d'étudiants dans la halle de la Société française". Prudence toutefois : aucune échéance n'accompagne cette prophétie. Dans 5, 10, 20 ans ? On ne sait pas.
Le campus connecté et le CNAM ne sont que la portion la plus congrue du rêve de transformer Vierzon en ville étudiante. La part belle est faite à Algosup, l'école qui forme des architectes logiciels. Résumons : la première rentrée d'Algosup a additionné une vingtaine d'élèves. Combien seront-ils cette année ?
La rentrée très récente du campus connecté et de la CNAM, fait état, selon la presse locale, du 7 septembre 2021 de dix inscrits pour le moment, allez onze. En multipliant par deux le nombre d'élèves à Algosup et la dizaine du campus connecté, on arrive à 50. A moins que le nombre d'élèves d'Algosup pour qui un campus high-tech est en préparation à la Société-Française multiplie d'un coup par dix ou cent son nombre d'élèves.
Plusieurs centaines, c'est à dire au moins 200, au bas mot, pour l'instant, on est loin du compte. Mais il faut y croire, car qui ne croit pas en la parole politique vierzonnaise, est un oiseau de mauvaise augure, un disciple de l'opposition, un anti-communiste primaire, pire, un pessimiste ! Nos voilà donc obligés de croire sur parole nos élus qui sortent des chiffres de leurs chapeaux, subventionnent des travaux en conséquence et refusent toute contestation.
La preuve : le projet de plateforme géante souffre d'un manque criant de transparence et de concertation, dixit les conclusions du commissaire-enquêteur, mais nos élus font l'autruche, sont persuadés d'avoir raison, refusent de nous communiquer le ou les noms des entreprises qui viendront et luttent même contre une partie de leur majorité, hostile au projet.
Mais les hostiles rentreront vite dans le rang. Impossible d'imaginer qu'ils démissionnent en bloc, la place vaut plus cher que leurs convictions. Sinon, ils ne feraient pas dans la politique, mais dans l'humanitaire. Alors voilà, des centaines d'emplois d'un côté, des centaines d'étudiants de l'autre. Et au milieu, les sceptiques sont priés de lire Vierzonitude ! Tout va donc très bien, la conséquence évidente des retombées de l'étape du Tour de France !