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Vierzonitude

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Achète local moche et vend maison d'exception

Publié par vierzonitude sur 29 Octobre 2021, 13:26pm

Achète local moche et vend maison d'exception

Ce n'est pas parce nos élus ont été élus, même chichement reconnaissons-le, qu'ils ont bon goût. La preuve. Ils achètent un local moche au Forum république (car convenez quand même que c'est moche) pour 212.000 euros mais ils vendent une maison d'exception, la maison de Célestin Gérard dans laquelle s'y trouve un restaurant gastronomique pour 180.000 euros.

C'est là qu'on touche certaines limites, voyez-vous. Ou comment, nos anticapitalistes devenus capitalistes par la force des choses, préfèrent le moche au patrimoine, les affaires au sentimentalisme historique, les priorités politiques au bon sens citoyen. Vierzon ne sera bientôt plus que l'unique enclave d'une politique rassie. Oui rassie. Juste bonne à fourbir des miettes pour le bonheur des canards sur le canal.

L'ex-maire adjoint à l'urbanisme de l'époque qui a autorisé la construction du Forum république et a même accompagné son projet depuis les années 1970, rachète donc son bébé (mis avec l'argent du contribuable) en fait, plus de trente ans après ce qui est devenu un fiasco urbanistique. Même pas une once de regret. L'actuel président de la communauté de communes, ex-maire adjoint, complice de cette verrue de béton ne trouve même pas un mot à redire.

Par exemple, bon ok, on s'est planté. Alors, on va tout racheter et tout raser. Pardon. Même pas. Certains louent encore la lumière obscure de cet architecte qui n'a pas trouvé mieux qu'à venir faire chez nous ce qu'il n'aurait certainement pas voulu faire chez lui, une bouse. Parce que le Forum république est à l'image de la politicaillerie de l'époque, une imposture. 

Trente ans plus tard, rien n'a changé. Normal, puisque les personnes elles mêmes n'ont pas changé. Dans une ville dont l'histoire alimente encore le présent, on préfère vendre, brader, donner, une maison historique pour 180.000 euros et acheter un cube de béton qui a mal vieilli pour 212.000 euros, pour contrôler le marché immobilier, dit-on. Le problème, c'est que ça fait des décennies que les mêmes contrôlent cette ville. Voyez le résultat.

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Commenter cet article
L
LoL
29/10/2021 17:07
Il semble que la pierre taillée à la taloche est plus appréciée que celle taillée à la force du poignet, les goûts et les couleurs ne se discutent plus maintenant dans cette commune d'architectes en herbes du HB mal taillé en pointe!! :-)
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Vierzon-sur-Mer

Le phare de l'île Saint-Esprit enfonce son regard oblique dans le ciel rond. L'estran met l'île Marie à portée de terre. Le temps d'une marée basse, elle s'attache au continent dans le ronronnement doux de la mer qui revient. De là où s'effrite le sable, Vierzon jette ses dernières lumières dans la bataille de la nuit. Au petit jour, le Bistrot du port déversera ses cales de croissants tièdes sur les habitués de la Renverse, le bateau du père Seb, le premier à sortir, le dernier à rentrer. Le zinc tanné par les manches des cirés jaunes bavarde ses silences imposés : parfois, dans le bistrot salé, il faut faire place au silence pour mieux veiller aux récits. Le café se remplit chaque heure d'une houle synthétique, fait d'humains en partance, en revenance, entre deux horaires. Il y a la crème des commerçants, le dessus du panier des marins-pêcheurs, la haute société retraitée qui confond les larmes et les embruns, pour ce qu'elles ont de souvenirs iodés à retenir dans les filets. Plus loin, près de la capitainerie, la butte de Sion jette un regard circulaire sur l'ensemble de la ville. Elle ressemble, en ce matin d'été, à l'idéal que l'on se fait du bonheur transversal : entre l'impression d'être ancrée ici tout en étant ailleurs. C'est sûr que la mer aimante ce qu'elle touche. C'est sûr que la mer déverse, sur le sillon des fins reliefs, la preuve que sans elle, Vierzon ne serait pas Vierzon. Le marché fourmille, sur les places centrales. Le soleil, déjà chaud, est à marée haute. Une trace de vent raye l'air lourd à porter. Les bistrots sont accoudés à la curiosité de la foule : c'est étonnant comme les terrasses s'étalent, comme elles semblent animées de l'électricité marine qui, une fois coupée, c'est sûr, rend la mer plate comme une rue piétonne. L'étrange idée qu'on se fait d'être ici n'est rien à côté de cette formidable idée d'y être née. La mer a son industrie propre et son économie personnelle. Vierzon sans la mer aurait ressemblé à ces villes moyennes punaisées au centre de la France sans qu'aucun grain de sable ne déborde de son destin. C'est étonnant d'être d'un continent tout en étant relié à la mer, cette faculté d'être à la fois le solide et le liquide, de défier les loirs de la transparence. J'allonge un pas décidé vers les rues que je préfère, les deux-trois cafés où sont sanglés les derniers secrets du jour et qui m'attendent, comme autant de valises à emporter. Plus on s'éloigne du port, dans le ventre de la ville, plus la ville durcit son statut de ville. Plus on s'enfonce dans la terre, plus la terre vous admet. Entre les rives et la tonitruante cité de l'arrière-ville, deux mondes s'affrontes. Ils étaient quatre jadis, quand la ville éclatée en quatre entités distinctes, se disputaient son destin. Quand plus tard, par raison, la ville a noué ses quatre communes indépendantes, chacune d'entre elles a gardé sa ligne d'eau, ses aspects, son nom, sa façon d'être. Etre de Vierzon ne signifie pas être à Vierzon, mais des Forges, de Villages, de Ville ou de Bourgneuf. Les quatre quartiers bruissent pourtant des vagues qui reviennent, je les entends galoper, pour remettre à niveau, la mer avec la terre. Pour remettre l'île Marie dans sa façon d'être une île. Je suis à la terrasse du café « T'as voulu voir... » Brel y a laissé une dédicace amoureuse. Si Vierzon avait la mer, serait-ce encore Vierzon ou une façon d'être Vierzon ?

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