Dans le renoncement intéressé de nos politiques, aveuglés par leur soif de pouvoir, il y a ce petit livre merveilleux, de Richard Malka, l'avocat de Charlie Hebdo, qui n'est autre que la plaidoirie qu'il prononça au procès des attentats contre Charlie-Hebdo. Il rappelle, avec justesse, les trahisons de ses politiciens sans âme, de ceux qui disent de ne pas "mettre de l'huile sur le feu" pour caresser une frange de leur électorat.
Ce petit livre se lit vite, vite et bien. Il s'appelle "Le droit d'emmerder Dieu", quel beau titre n'est-ce pas. D'ailleurs, la cour européenne des droits de l'homme rappelle dans un arrêt du 20 septembre 1994 que "ceux qui choisissent d'exercer la liberté de manifester leur religion, qu'ils le fassent entant que membres d'une majorité ou d'une minorité religieuse, ne peuvent raisonnablement s'attendre à être exemptés de toute critique. ils doivent tolérer et accepter le déni... Et même la propagation par d'autres de doctrines hostiles à leur foi."
Gravons cela dans nos têtes. Répétons-le. Chantons-le. Les 95 pages de ce livre devraient être apprises par cœur car il n'y a rien de plus grand que la liberté d'expression, que le droit au blasphème, que de pouvoir écrire qu'on emmerde Dieu. Que ceux qui croient peuvent croire mais que ceux qui ont envie de caricaturer, se moquer le fassent aussi.
"Renoncer à la libre critique des religions, écrit Richard Malka, ce serait renoncer à enseigner que l'homme est cousin du singe et ne provient pas d'un songe, renoncer aussi à ce que la terre ne soit pas totalement ronde. Ce serait renoncer à considérer la femme comme l'égale d'un homme. Ce serait renoncer à ce que les homosexuels ne soient pas punis de morts après d'atroce supplices, et je précise, que, curieusement, les 72 pays au monde où l'homosexualité reste une abomination sont à peu près les mêmes que ceux où le délit de blasphème continue à exister.../... Ce serait renoncer à ce merveilleux droit d'emmerder Dieu."
Le droit d'emmerder Dieu, de Richard Malka aux éditions Grasset. 10 euros.