Nouveau rendez-vous pour les lecteurs de Vierzonitude : les aventures presque vraies de Madame Faucille et de Monsieur Marteau. Aujourd'hui, Madame Faucille et Monsieur Marteau entrent au capital social du golf de Vierzon.
Madame Faucille, mais ne le répétez pas, aime d'une façon démesurée marcher pieds nus sur un gazon taillé comme une statue grecque. Cette sensation de chatouillement sur la voûte plantaire lui fait espérer, ce qu'elle n'espère plus depuis longtemps, la destination d'une autre voûte, mais céleste. En fait, Madame Faucille prend un plaisir qu'elle ne saurait qualifier avec ses propres mots, à faire contact de sa peau des pieds avec les brins d'herbe.
Monsieur Marteau, en homme de gauche quand la gauche a raison et de droite quand elle n'a pas tort, se rend comme tous les matins sur le golf de sa ville, orné de dix-huit trous, qu'il pratique depuis que ce golf existe, en discutant normes sociales et régime des retraites avec des moins gauches que lui mais tout aussi droitiers.
Madame Faucille, tout à sa félicité herbeuse, sautille comme une jeune grenouille auréolée de printemps et se surprend à faire les cents pas comme elle marcherait dans la mer, le pantalon retroussé et les orteils avides de sel que les vagues viendraient lui lécher avec curiosité. Dans l'air, Madame Faucille sent ce parfum indétrônable de gazon coupé dont elle se parfumerait bien le corps entier si toutefois, l'exclusivité de cette fragrance n'était pas réservée au bonhomme Cetelem.
Monsieur Marteau qui sait manier l'outrance des gens de gauche qui pense la même chose de la droite comme elle parle de sécurité, ne saurait pas jouer au golf en s'épargnant de parler politique qui justifie, contrairement au golf, une trajectoire directe, pour finalement finir dans un trou, Monsieur Marteau estime que ça se tient.
Madame Faucille que les bigoudis du matin décorent d'une série de papillotes comme le sont les boites de chocolat de Noël soupire d'aise au point de faire bouger les feuilles des arbres de son jardin à moins que ce ne soit un vent léger qui étage son intensité et offre à Madame Faucille, une bonne raison d'aimer cet instant précieux.
Monsieur Marteau, exigent sur le service du golf qu'il paye avec les dividendes d'une petite société qui fabrique de façon artisanale des clubs en acier recyclé issu de Tesla broyées, estime que la qualité a baissé depuis que les tarifs ont augmenté, mais par solidarité golfique, il se refuse à tout commentaire d'autant qu'il possède une carte gold du club house, pour le prestige.
Madame Faucille, les pieds trempés de bonheur, se dit que sa vie est un conte de fée et qu'il n'est pas permis à tout le monde de prendre des bains de pied à l'herbe coupée, même si elle sait que son mari de Monsieur Marteau lorgne comme un amoureux des affaires qui se respecte, sur le parcours qu'il parcourt avec ses camarades de jeux.
Monsieur Marteau qui vient d'atteindre le dernier trou avec une gourmandise qui lui fait friser l'œil gauche parce que le droit est occupé à s'enquérir des derniers soubresauts de la bourse de Francfort, pense que l'on n'est jamais aussi bien servi que par soi-même et, se promet, dès qu'il sera attablé au club-house, de proposer ses services (pécuniaires) aux dirigeants du club, histoire de pouvoir se taper le green avec quelques élus du coin qui ont l'intention de municipaliser le golf comme si c'était un service public.
Madame Faucille, tout à ses pensées vagabondes, sait que son mari de Monsieur Marteau aura bientôt table ouverte au golf de la ville comme un élu de gauche avide de démocratiser un loisir que certains classent à droite, demandera désormais à accompagner son mari de Monsieur Marteau sur le parcours afin d'y marcher nus pieds comme la femme d'un patron à qui l'on ne dira de toute façon rien du tout.
C'est ainsi que Madame Faucille et Monsieur Marteau entrent au capital social du golf de Vierzon.