A la fin du mois de septembre, je serai comme de très nombreux Vierzonnais, sans médecin traitant. Avec juste, sous le bras, mon dossier médical de plusieurs décennies, qui est aussi la preuve d'un suivi sans faille de mon toubib que je n'ai jamais cessé d'aller voir quand le besoin s'en faisant sentir.
Je me souviens la première fois où j'ai franchi la porte de son cabinet, il y a... une paille ! Et depuis, je n'ai jamais changé, parce que je n'en voyais pas l'utilité. On peut le dire, il existe toujours entre son médecin "de famille" et soi-même, une sorte de complicité silencieuse, une sorte d'amitié étrange qui n'est pas vraiment une amitié, ni vraiment un sentiment qu'on réserve aux inconnus.
Bien sûr, le médecin, ce n'est pas celui qu'on va voir pour lui taper le dos en lui proposant un café à la terrasse du bistrot voisin. On y va pas obligation, par besoin, ce n'est jamais vraiment un grand plaisir d'être assis dans sa salle d'attente. Mais au fil du temps, l'habitude revêtait un plaisir inédit de parler à quelqu'un qui veille à votre santé, vous conseille tout au long des périodes de votre vie.
A la fin du mois de septembre, c'est terminé. Il part en retraite, retraite méritée, déjà qu'il a décidé de la repousser deux fois. On espère toujours qu'il change d'avis, qu'il ne parte pas mais non. L'échéance approche et c'est inéluctable désormais. Il va falloir marcher dans ce désert médical, marcher loin pour en trouver parce qu'on aux dernières nouvelles, le centre de santé n'en prend plus.
Il reste celui de l'hôpital, mais est-ce durable ? Ou juste du coup par coup ? Il va falloir, comme de nombreux Vierzonnais, partir en quête d'un nouveau médecin traitant, dans un rayon de combien de kilomètres. Dix ? Vingt ? Cinquante ? A moins de fidéliser une borne de téléconsultation dans une pharmacie ? Ou devenir médecin soi-même pour s'auto-consulter mais c'est trop tard. Il y a plus de chances de croiser un oasis dans le désert qu'un nouveau médecin dans le Sahara médical. Je me souhaite bonne chance.