Il était assis à la terrasse de la Loco, (à Bourges, désolé pour l'entorse faite à Vierzon) avec sa chienne, allongée sur une couverture. Il lisait le Berry sous sa chapka, façon Capitaine Marleau.
Et en passant, je me suis arrêté, trop photogénique, trop gueule pour noir et blanc. Alors, je lui ai demandé s'il voulait bien que je le photographie. Il m'a dit "sans la chapka", j'ai répondu, "surtout pas".
Et comme dehors grelottait un peu trop, on est rentré, avec la chienne, la chapka, le journal, au fond du bistrot, on s'est attablé comme si on se connaissait depuis des lustres, ou qu'on s'était connu dans une autre vie et qu'on se revoyait, dans une joie partagée.
Il a bu un allongé, moi une noisette et le bonhomme, 75 ans, est une merveilleuse rencontre quand il raconte son marais, sa langue en yaourt pour éloigner les importuns. Quand il parle de sa solitude, de son animal, quand il croise les doigts, quand il boit son café, quand il parle tout simplement, beaucoup parce que ça fait longtemps qu'il n'a pas parlé à quelqu'un.
En partant, on s'est dit à bientôt, parce que demain, après-demain, un jour, si je le vois en terrasse on partagera un café comme si on se connaissait, parce que maintenant on se connaît.
Moment à part.
R.B.