Annie Vigier, écrivain public socio-nulmérique , mène depuis 2022, un projet baptisé Mur (s) de la Fraternité. Trois ans plus tard, le projet va prendre forme à travers l'association Passeurs de mots. Annie nous en explique les tenants et les aboutissants et lance un appel aux associations culturelles pour une déambulation et un vidéaste pour monter une vidéo sur les étapes du projet.
Qu'est-ce que la Fresque de la Fraternité ?
Il s’agit d’un projet né en 2022, à l’issue d’un atelier « Écritures sans frontières » au cours duquel Passeurs de mots avait proposé à des vierzonnais de toutes origines d’écrire le mot « fraternité » dans leurs langues, alphabets, idiomes, patois. Plus de 40 personnes de tous âges avaient répondu présent dans les locaux du Café Ô Berry, une vingtaine de mots y avaient alors été collectés.
La regrettée Patricia Rodriguez, de l’association « Les 10 doigts », nous avait offert un paravent magnifiquement décoré par les enfants sur ce thème. Nous avons alors pensé qu’il fallait valoriser tout ce « matériel » recueilli, et en faire un « nuage de mots » dont l’ensemble de la population vierzonnaise pourrait profiter.
En allant plus loin dans la réflexion, et souhaitant nous inscrire dans la cause nationale de lutte contre toutes les discriminations, nous nous sommes dit qu’une fresque, placée en centre-ville, devant laquelle on pourrait faire la fête et se retrouver, serait très symbolique de ce que nous voulions montrer de notre ville et de sa population si diversifiée.
Sur ce projet, plusieurs associations sont venues nous rejoindre, dont certaines se sont, au fil des mois, fortement impliquées jusqu’à en devenir parties prenantes. C’est ainsi que, n’ayant pu disposer du mur idéal pour accueillir la fresque, il a été décidé de la répartir en quatre parties sur les 3 sites :
- Le Centre social du Clos du Roy AJCV ;
- L’accueil de jour Imanis ;
- Le Café Ô Berry et les Fourmis vierzonnaises au sein du tiers-lieu « La Manufacture ».
Vous arrivez au bout puisque la réalisation est proche. Expliquez-nous comment cela va se passer
Passeurs de mots a provisionné le budget nécessaire pendant trois ans, puis, avec les associations devenues partenaires, nous avons sélectionné un artiste, Julien Depont un graffeur de Bourges, qui nous a soumis ses propositions. Nous attendons désormais sa version définitive après les derniers ajustements.
Jeudi 15 mai, Julien dessinera l’esquisse de l’œuvre complète sur des panneaux installés provisoirement dans les locaux du Café Ô Berry.
Ensuite, les différentes parties de la fresque seront démontées, pour être placées sur les sites et peintes au cours d’ateliers qui réuniront des adhérents volontaires sous la conduite de Julien :
- Le 21 mai au matin avec les enfants de l’AJCV, au Centre social du Clos du Roy ;
- Le 22 mai chez Imanis ;
- Les 4 et 5 juin à La Manufacture.
Pourquoi cette fresque n'est-elle pas une seule fresque sur un mur de la ville ?
Nous ne désespérons pas de voir un jour ces quatre parties être réunies dans une fresque unique, telle que nous l’avions initialement rêvée. Mais nous ne maîtrisons pas l’occupation du domaine public, et resterons à la disposition de la municipalité pour qu’elle nous fasse une proposition ultérieurement. Il ne manque hélas pas de « mur moche » à Vierzon pouvant accueillir une œuvre
très colorée de 3,8 m sur 7 m.
C’est d’ailleurs la raison pour laquelle, en prévision de cette réunification, nous avons dû investir dans des panneaux plutôt que de peindre directement sur les murs des structures. Un surcoût que nous absorbons sur le budget de l’association, complété par les contributions des associations partenaires et la participation bienvenue du Festival du Film de Demain.
Vous prévoyez une grande fête pour son inauguration. Comment va-t-elle et où se dérouler ?
L’ « inauguration déambulatoire », que nous voulons festive et ouverte à tous les vierzonnais, est programmée pour le samedi 26 juillet. L’idée est d’inaugurer l’une après l’autre les quatre parties de cette fresque sur les trois sites, pour en faire une farandole multiculturelle de chants et de danses.
Nous appelons d’ores et déjà les associations culturelles vierzonnaises et leurs adhérents à nous rejoindre pour apporter, avec leurs chants, leurs danses et leurs musiques, la dimension humaine indispensable à la réussite de cette journée.
Nous voulons que cette journée du 26 juillet devienne, à cette occasion, la journée de la fraternité. Elle se clôturera en musique à la Manufacture. C’est Nathalie Vanel, du Café Ô Berry mais également vice-Présidente déléguée de Passeurs de mots, qui coordonne les artistes participants.
Des bénévoles du Café Ô Berry se chargent des montages / assemblages / démontages et fixations. C’est un gros travail et nous leur en sommes très reconnaissants.
N’ayant pu obtenir une réponse positive à notre demande de subvention DILCRAH / Politique de la Ville qui portait pourtant sur la lutte contre toutes les discriminations, et qui nous aurait permis de conserver un souvenir des différentes étapes sous forme d’une video, nous faisons auprès de Vierzonitude, si vous le voulez bien, un appel à un éventuel vidéaste bénévole qui accepterait de filmer ces différentes étapes pour compléter celle réalisée lors de l’atelier « Écritures sans frontières » (visible sur Youtube : https://youtu.be/eAM7tYZIy5A?si=Lthl-XAwZTdUTVjy).
A titre plus personnel, où en est le financement d'un poste mutualisé d'écrivain public sur le territoire vierzonnais d'autant que vous envisagez de raccrocher le crayon et la souris ?
J’essaie de faire par avance mon deuil de ce poste que je quitterai fin 2025, alors qu’il est utile à actuellement plus de 530 personnes, originaires de 36 pays différents, 120 permanences tenues par an, 450 prestations assurées, dont plus de la moitié à distance.
Cela, ce sont des statistiques. L’indifférence des collectivités n’est même pas une surprise. Le plus compliqué, c’est de rompre la relation de confiance qui s’est tissée avec toutes ces personnes, et, face à eux, de leur avouer ne pas avoir été capable de persuader des élus qui sont avant tout des hommes et des femmes que je côtoie par ailleurs, pour certains, depuis des dizaines d’années !
L’argument selon lequel le salaire d’une seule personne ne peut être dégagé, en mutualisant leurs budgets, n’est pas audible ! Celui qui affirme que les conseillers numériques peuvent y pourvoir ne tient pas non plus, sinon ces usagers ne viendraient pas vers moi ! Nos missions et nos publics sont similaires, mais complémentaires.
J’ai tendu bien des perches, que personne n’a voulu saisir. Je reste encore disponible pour accompagner un successeur si nécessaire, à condition que cette personne soit salariée. Car en arrêtant en fin d’année j’aurai exercé bénévolement, bien qu’en micro-entreprise, pendant plus de cinq ans parce que j’ai la chance de pouvoir le faire comme retraitée, par plaisir également,
mais aussi pour leur prouver que le besoin existe.
Cependant, je fais quand même office de service public, et cette situation ne peut se prolonger éternellement.
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