A celles et ceux qui vilipendent la justice parce que Marine Le Pen a été condamnée à une peine d'inéligibilité, je les invite à venir s'asseoir sur les bancs du tribunal correctionnel de Bourges, un même tribunal correctionnel qui a jugé et condamné Marine Le Pen
Il faut venir assister aux audiences, pour savoir ce qu'est réellement la justice, ce pourquoi elle rend des décisions différentes à chaque fois, ce qu'elle prend en compte, ce qui est essentiel, secondaire
Car la justice n'est pas un bloc qui distribue des peines uniformément. Dans les salles d'audience, on juge des affaires mais aussi des hommes et des femmes, les magistrats s'appuient sur les personnalités des gens qu'ils ont en face d'eux, sur leur casier judiciaire, sur la gravité des faits, sur leurs conséquences sur les victimes et bien sûr sur le code de procédure pénale
C'est facile d'hurler avec les hyènes à l'injustice d'une condamnation quand celle qui est condamnée avait demandé une sévérité exemplaire pour les autres !
Non, les politiques ne sont pas exempts de condamnation. Venez aux audiences, vous constaterez que pour certains délits, des hommes et des femmes sont aussi condamnés à des peines obligatoires d'inéligibilité. Et ces personnes là n'ont pas détourné des millions d'euros de l'Europe pour financer un parti politique
Voilà que certains s'émeuvent qu'un ancien président de la République, Nicolas Sarkozy, soit condamné à une peine de prison ferme
Les mêmes hurlent à un déni de démocratie : qu'auraient-ils dit s'il avait échappé à cette condamnation quand d'autres vont directement à la maison d'arrêt du Bordiot de Bourges pour moins que ça et parce que les circonstances l'exigent
A quel moment la démocratie est en danger car une politicienne professionnelle décrète qu'elle ne mérite pas sa peine ?
D'ailleurs, elle est beaucoup plus gênée par le fait de ne pas pouvoir se présenter à l'élection présidentielle que par les deux ans de prison auxquels les magistrats l'ont condamnés alors qu'aux audiences du tribunal correctionnel de Bourges, les personnes condamnées sont beaucoup plus inquiètes de passer du temps en prison que de ne pas pouvoir se présenter à une élection
Le pouvoir serait-il plus important que la liberté de mouvement ?
Il n'y a jamais de public sur les bancs de la salle d'audience, pourtant, c'est une formidable leçon de chose, quand celles et ceux qui hurlent contre la justice n'en connaissent pas le fonctionnement
D'autres confondent la sanction judiciaire et la sanction des urnes.
A Bourges, un élu a été condamné, entre autres, pour des insultes envers des personnes chargées de l'autorité publique, certes aucune peine d'inéligibilité n'a été prononcé contre lui.
Qui s'est révolté qu'un élu puisse être insultant envers les forces de l'ordre ?
Qui a condamné ces gestes ?
Personne. Corporatisme ?
Alors quand on entend un Mélenchon hurler que l'inéligibilité doit être sanctionnée par le peuple, ce professionnel de la bordélisation à des fins électoralistes oublie que la justice est rendue au nom du peuple et qu'il est sain de savoir que cette justice se moque que ce soit un élu du Cher, un président de la République ou une candidate potentielle à la présidentielle, la faute est la faute et elle doit être sanctionnée comme tel
Les cris d'injustice, les outrances verbales, les menaces de mort contre une magistrate, le mépris d'une institution qui ne va pas dans le sens des projets politiques de quelques uns, sont les vraies menaces contre la démocratie
Venez assister aux audiences du tribunal correctionnel, venez y passer des heures pour comprendre comment ça marche, quels sont les enjeux. C'est mieux que de cracher contre le vent. Marine Le Pen a été sanctionnée. Mais son parti est libre de se présenter
R.B.