Vierzon. Samedi. 16 heures. On a beau nous sortir toutes les théories fumeuses possibles, tous les prétextes imaginables, le constat est depuis longtemps le même, les samedi après-midi sont devenus des dimanches, des samedimanches.
Vous ne connaissiez pas ce huitième jour de la semaine, le voici, entre la lumière blafarde d'un samedi essoré et l'extinction des feux d'un dimanche sans énergie.
Ce samedimanche, à Vierzon, oscille entre les pas comptés sur les trottoirs du centre-ville et la trotteuse automobile des voitures qui glissent avenue de la République. De ce fait, on peut croire qu'il y a du monde, mais c'est surtout du mouvement, des oscillations, des vaguelettes tranquilles et paresseuses. Mollement, la ville tente d'étirer les heures de l'après-midi jusqu'à atteindre celles de la soirée.
On nous sort des animations un jeudi soir dont on aimerait comprendre la finalité, mais personne ne pense à piétoniser au mois une fois par mois la rue pour vraiment la laisser aux Vierzonnais, y organiser de vraies animations et ne pas laisser des commerçants isolés au milieu d'une rue vide.
On nous sort des projets de refaire la place de la gare en nous expliquant qu'il y aura un million de voyageurs qui transitera dans la gare, nos élus ont-ils réalisé qu'il n'y avait plus personne en centre-ville ? On ira me rétorquer que j'ai choisi mon moment pour faire la photo, la fourberie va jusque là.
Non, je me baladais, à 15 heures je descendais la rue, personne, à plus de 16 heures, je la remontais personne. Ce constat est partagé par des commerçants, non, Vierzonitude n'est pas le seul à constater que le centre-ville a perdu de son attractivité et plutôt que de s'enflammer à rénover la place de la gare, c'est l'avenue de la République qui doit être repensée.
Le samedimanche à Vierzon n'est qu'une histoire de verre à moitié vide et de verre à moitié plein. Les analystes du bonheur argueront, que, ma bonne dame, les temps changent, l'individualisme, les achats sur Internet, la volubilité des consommateurs, la raréfaction des commerces, le changement de société, les gens qui partent, tout ça, font que Vierzon en 2025, n'a pas la même gueule que Vierzon en 1971, ou 1981.
Avant, ce serait carrément de la nostalgie et à Vierzon, on le sait bien, on déteste la nostalgie. Du coup, entre les tenants d'un oui-ouisme échevelé et les tenants d'une noirceur aussi compacte qu'un trou noir dans l'univers, on en arrive à se planter au milieu d'un trottoir, à mouiller son doigt pour savoir ce qui nous arrive et ce qui ne nous arrive pas.
Il n'y a pas de fatalité, il n'y a que de mauvaises politiques et de bonnes décisions jamais prises.
R.B.