Nos commerçants sont formidables : la librairie Le Grand Meaulnes

Publié par vierzonitude sur 29 Mai 2025, 16:59pm

Nos commerçants sont formidables : Et au milieu, nage un libraire...
Il y a, en entrant à la librairie, Le grand Meaulnes , quelque chose de la fête étrange, on devient Augustin, à la recherche du livre de sa vie.

Peut-être, à la recherche perpétuelle non pas du temps perdu, même si un portrait de Proust trône derrière un rideau, de ce livre qui nous échappe, que l'on atteint presque mais qui n'est qu'une promesse pour en lire d'autres.

Il n'y a pas de bonheur plus grand que d'entrer dans cette librairie, que de laisser le bruit dehors, derrière la porte vitrée, de saluer Emmanuel et de parler : parler avant de lire, parler pour mieux lire, parler pour ne rien lire pendant qu'on parle, ce serait impoli.

Le libraire est solaire, il est là, sur la pointe des pieds, pour ne rien déranger du silence des livres qu'on ouvre et qu'on hume.

Quelle étrange habitude, de sentir ce parfum de papier et d'encre, comme si la fragrance en elle-même révélait la profondeur de ce qui est écrit;

Sentir un livre comme pour le reconnaître, c'est profondément animal, ce réflexe.

L'horizon n'est que tranches et couvertures, doublé par un miroir qui renvoie l'image des livres et les multiplie. Le Grand Meaulnes est là, sur le comptoir, comme un frère, un ami, une présence, comme la quête d'Augustin à la recherche d'Yvonne de Galais, comme l'ombre porté de cet unique roman d'Alain Fournier sur les parois de nos vies.

Remerciement à Emmanuel d'avoir amarré son bateau livres avenue de la République.

Pour le coup, il faut une avenue pour une librairie, un boulevard aurait été encore mieux, mais l'espace y est peuplé de ce qu'il y a de meilleur dans la création humaine, l'écriture.

Ne passez pas devant sans vous arrêter, entrez, discutez, choisissez, lisez, faites vivre cette antre indépendante et exprimez vos envoies, vois désir de livres.

Pour ma part, le noir et blanc a configuré mon esprit façon romans de Patrick Modiano, dont le denier bouquin La danseuse, me regardait d'une singulière façon.

Et je me voyais marcher dans ses rues, aller à ses adresses, frôler ses gens qu'ils frôlent. Pas de doute, seul un livre parvient à trouver de la couleur dans le noir et blanc.

R.B.

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