Vierzon va s'ouvrir quels horizons en 2026 autre que le bout du canal de Berry, les crues de l'Yèvre et du Cher, les pavés usés de la rue Joffre, le double sens historique de l'avenue de la République, l'erreur manifeste du Forum république, l'espoir de jours meilleurs...
Et ultime question : dans un contexte national nécrosé, la gauche municipale, le communisme local qui domine depuis tant de décennies le paysage vierzonnais, peut-il être encore un vecteur de changement profond et de rempart efficace contre l'extrême droite qui menace.
Plutôt que de pratiquer la politique des pleureuses, la politique des jérémiades et des renoncements, une politique de proximité serait plus efficace. Le R.N la promet et combien vont tomber dans le panneau ?
Dans quelle mesure l'intérêt de cette ville et de ses habitants est pris en compte ? Dans quelle mesure les projets initiés ont la certitude de coller aux attentes et aux besoins ? Si ce n'est de coller aux subventions. Demain, la betterave est subventionnée, il en poussera dans chaque espace vert.
Vierzon, ma ville, n'a jamais été une mégapole, elle ne le sera jamais. Jamais cette ville n'a eu envie de se hausser du col. Mais l'ambition de celles et ceux qui la dirigent, oui. L'absurdité de certaines décisions n'ont pas échappé au commun des habitants de ma ville. Comment expliquer la nécessité de vouloir dépenser des dizaines et des dizaines de milliers d'euros dans la renaturation de certains coins comme l'esplanade de la Française quand les mêmes élus éradiquent de la surface d'une place (Jacques Brel), arbres et espaces verts ?
Depuis des décennies, l'esthétisme est un vilain mot, comme si les classes laborieuses n'avaient pas droit qu'au pratique, pas au beau. Regardez le Forum république, l'avenue de la République, la place Brel et sa vague de béton. Il a fallu des subventions pour que d'un coup, on estime le canal intéressant. Pourquoi, depuis des décennies, le beau est interdit à Vierzon ?
Vierzon est ma ville depuis que j'y suis né, il y a 57 ans. Mes pas s'y sont perdus et s'y perdent encore, cet attachement singulier est presque perçue comme une anomalie. Les critiques que j'avance sont des douleurs mais perçues comme un désamour car celles et ceux qui sont en place détestent qu'on remette leur choix en cause. Pourtant, il le faut. C'est une nécessité salvatrice.
L'érosion des habitants et de leur vote à gauche, on l'a vu aux dernières législatives, est le fruit de l'érosion de leur patience, de leur croyance en leurs rêves, des promesses locales jamais tenues, de l'incapacité à effacer dogme et idéologie, ce n'est pas à la ville de se contorsionner pour entrer dans le moule d'une politique, mais à la politique de se contorsionner pour apporter le nécessaire à cette ville.
L'énumération d'un bilan ne suffit pas. Il faut aimer Vierzon, il faut en avoir envie, il faut sentir cette ville, se mettre à son niveau, respirer ses différences fondamentales, évoluer à son rythme, prendre le temps de la comprendre. Comment expliquer cette indifférence nocive pour la rue Joffre par exemple ? Pour le patrimoine de cette ville ? Pour son environnement ? Pour ce qui en fait l'essentiel ?
Penser l'avenir de Vierzon, ce n'est pas dénaturer ce qui existe, piétiner ce qui l'a fait, faire oublier ce qui l'a nourri. Je sais que certains vont sourire, que le passé les révulse, que la critique les embarrasse, que les idées des autres les gênent. Mais il est temps de comprendre que ma ville souffre d'indifférence. Et on se retrouve, aujourd'hui, avec deux listes d'extrême droite, pour une ville de 25.000 habitants, c'est beaucoup, beaucoup trop.
R.B.