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Vierzonitude

Le blog que personne ne lit... mais dont tout le monde parle


C'est l'époque où les marrons tombent des branches

Publié par vierzonitude sur 15 Octobre 2025, 16:29pm

C'est l'époque où les marrons tombent des branches

C'est l'époque où les marrons tombent des branches et je ne peux pas m'empêcher d'en ramasser quelques uns, de sentir leur peau dure et lisse sous mes doigts. Je me revois, des décennies en arrière, les ratisser dans la cour de la rue du Champ-Anet, d'un côté les marrons et leurs bogues, de l'autre, un amoncellement de feuilles.
Je me souviens de mon arbre, cet arbre géant donnait des kilos de marrons et des mètres cubes de feuilles. J'entends les bogues tomber sur la table en fer que ma mère sortait l'été sous l'arbre et qu'à l'automne, il valait mieux éviter de se trouver dessous. J'entends encore le bruit mat de la bogue qui s'ouvre sous le choc de la chute, et le marron rouler, comme une bille. 
Lisse, brillant, sans imperfection, je les collectionnais le temps d'une saison, je plongeais mes mains dedans, ils roulaient sous mes doigts, je me vautrais dans les feuilles, mon père en faisait des tas énormes à l'entrée de la cour. Le vent dans les feuilles chantait comme jamais je n'ai entendu chanter le vent. J'aimais l'automne pour cela, pour ces marrons par centaines qui balisaient mon chemin de gosse.
Aujourd'hui, dès que je croise un marronnier, je les cherche, je les ramasse, je les garde jusqu'à ce qu'ils sèchent, qu'ils ternissent, et je les remplace par d'autres, plus frais, plus brillants, plus lisses. Je redeviens l'enfant sous son marronnier, sous la symphonie du vent dans les feuilles, ponctués des bruits mats des marrons qui tombent sur le sol jonché de feuilles ou le bruit dur des mêmes qui frappent la table en fer.
C'est étonnant comme l'enfance n'est jamais loin des bords de notre vie adulte, il suffit d'un bruit, d'une odeur, d'un marron pour revenir en arrière. Ce matin encore, j'ai cherché le plus parfait, le plus émouvant, le plus doux des marrons et un instant, j'ai fermé les yeux, je suis parti au pays de mon arbre autour duquel je n'ai jamais pu joindre mes deux mains dont son tronc était énorme. Il pousse encore en moi et chaque automne, mes pas bruissent des feuilles qui tapissent mes chemins d'homme.

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