Coup de gueule de Rémy Beurion
Journaliste le jour, bloggeur la nuit
La petite bourgeoisie vierzonnaise issue de la droite « assumée et traditionnelle », comprendre dure jusqu’à l’extrême, n’aime pas qu’on puisse critiquer ses idées nauséabondes. Elle ne souffre même pas qu’on puisse être en désaccord avec leur haleine fétide, dès lors qu'elle sollicite le suffrage universel.
Elle fait valoir ses titres de noblesse pour me clouer le bec et pour cela, rien de tel qu’une lettre de dénonciation, en bonne et dû forme, "comme en 40" disait ma mère, à mon employeur, des fois que mon métier de journaliste soit la seule activité de ma pauvre vie de « polémiste à l’ancienne ».
Ainsi, devrais-je me prosterner devant un ex-PDG, membre d'un club service de Vierzon (que je ne nommerai pas eu égard pour ce club), ex-président d'un club sportif (que je ne nommerai pas eu égard pour ce club), n’oublie-t-il pas de préciser, au bas de son courrier.
Devrais-je lui baiser les pieds en louant ses idées de droite au goût de beurre rance ? Devrais-je me retenir de dire ce que je pense de leur future politique en tant qu’habitant de cette ville ? Ah, je ne suis ni PDG, ni membre d'un club service, aïe...
Nous voilà au coeur des choses :
1 – les prédateurs qui se drapent en victimes est un camouflage qui ne trompe pas
2 – la pression feutrée d’une « droite assumée » sur un journal pour calmer non pas un journaliste dans l’exercice de ses fonctions auquel il reprocherait une faute mais un citoyen vierzonnais, autant « homme libre et indépendant » pendant ces heures de loisirs et ses journées de congé que le plaignant de cette missive
3 – le barrage à la liberté d’expression. Plutôt que d’argumenter, le signataire dénonce, se plaint, demande aux autres d’intervenir, intimide, bombe le torse. Il ne loue pas encore la camisole, mais ses lèvres en tremblent de prononcer le mot. Il se retient dans ses injonctions mais je ne donne pas cher de ma peau de bloggeur si cette droite-là parvient aux manettes de Vierzon
Cette diatribe bilieuse n’a d’autre but que de dompter l’insolence, de polir les aspérités critiques, de se débarrasser des empêcheurs d’extrême-droitiser en rond, d’agrafer la bouche de ceux qui s’opposent. Joli programme idéologique qui commence à tâcher les trottoirs de Vierzon.
Ce scribe plaintif pose en photo avec la tête de la liste que Vierzonitude a décidé de combattre sur le terrain des idées (et non pas en dessous de la ceinture comme elle le fait...). Etrangement, il n’éructe pas autant contre l’engagement d’un colistier à renvoyer les étrangers « au bled », contre le fait de les traiter de « parasites ».
En tant qu’ancien président d’un club de sport, il ne dénonce pas le fait que ce même colistier assimile une équipe de foot de la ville avec des joueurs noirs au « grand remplacement ».
C’est sans doute son appartenance à « une droite assumée et traditionnelle » qui le lui interdit, solidarité de pensée haineuse oblige.
Ce septuagénaire, en revanche, ne voit aucune porosité entre son appartenance à un club service et ses accointances avec une tête de liste et ses accointances Zémouristes, Maréchalistes, Dupont-Aignanistes et ex-RN.
On pourrait se poser la question : ses idées plus que droitières ne vont-elles pas déteindre sur son engagement « au dépens de l’image même de neutralité » du dit club service, , pour reprendre une phrase de sa missive.
Ainsi donc, je serai devenu « indissociable de [m]es deux occupations (journaliste et bloggeur), « toutes deux aussi politiques que communicantes et sociales », écrit-il encore.
Ou quand la droite « assumée et traditionnelle » fait l’amalgame entre une profession et un engagement citoyen, le mien c’est de combattre l’extrême droite à Vierzon et les odeurs putrides qu’elle laisse dans son sillage en se déplaçant.
« Mon souhait le plus cher, écrit-il encore, est donc qu’il redevienne un journaliste et un bloggeur, fut-il engagé mais pas enragé ». A quand les menaces physiques ? Le cachot ? La potence ? Les somnifères ? La lobotomisation ?
On se demande, après une plainte et une lettre de ce genre, qui est plus « enragé », finalement.
Ce qui a décuplé ma volonté à justement ne surtout pas me taire.
Merci, monsieur, pour cette piqûre d’adrénaline. Vous avez fait de moi le sparadrap du capitaine Haddock. Je vous souhaite de bien vous secouer.