Dans la même page du journal local, au choix, nous avions, trente-et-une voitures aux vitres cassées, le tireur de la place Foch qui a fini par se rendre au commissariat et une descente musclée dans le camp provisoire des gens du voyage au Vieux-Domaine. Là-dessus, dans les pages de Vierzon, un article sur le Front national qui capitalise les retours de son questionnaire adressé récemment aux commerçants.
La presse a beau écrire que les conclusions sont connues, justement, si elles sont tant connues que cela, pourquoi n'entend-on pas les ténors de ces problèmes tenter de les résoudre ? Idem avec le fait que le nombre de réponses n'est pas exhaustif. Oui, mais c'est déjà un début de réponse. A tout cela, les oui-ouistes professionnels répondront, comme d'habitude, qu'ailleurs c'est la même chose. Que la délinquance n'est pas un phénomène vierzonnais tout comme la désertification des commerces. C'est vrai.
Mais quand on a dit ça, on a tout dit.
En filigrane que remarque-t-on : que les actes de délinquance (les actes connus du grand public du moins) se multiplient, par leur nombre, nous n'avons pas les statistiques mais par leur ampleur. Ce sont les coups de feu dans deux endroits à la fois, deux jours de suite, c'est une agression en centre-ville, c'est des vitres cassées à la chaîne, c'est ce que els Vierzonnais peuvent lire dans la presse locale. Et un ras-le-bol qui monte mais qui est invisible car il n'est pas canalisé par une "source officielle" et on sait que Vierzonitude n'est pas une source officielle...
Non, ce ras-le-bol n'est exprimé nulle part, donc il n'existe pas. Les réseaux sociaux ne sont pas reconnus, à Vierzon du moins, comme étant le catalyseur des expressions libres mais de l'intox et de l'exagération. Pourtant, les instances officielles devraient y jeter un coup d'oeil. Car il y a d'un côté la façade vierzonnaise, et le fond de commerce. Une fois encore, les élus de droite, de gauche et de tous les bords, n'ont pas trouvé bon de prendre la parole, laissant cette parole aux non-dits et au Front national qui, à travers ce silence, capitalise de son côté, le fait que les autorités vierzonnaises se moquent de ce qui se passe.
On laisse le citoyen dans sa propre panade se débrouiller avec les difficultés administratives que représente le bris d'une vitre de sa voiture. Pas un mot, pas une aide. Il est plus sain de s'émouvoir d'une actualité lointaine à Vierzon que de mettre les mains dans le cambouis. Pendant ce temps-là, ce silence donne raison aux oui-ouistes qui, à juste titre et encouragé par l'absence de réactions, trouvent matière à ne pas dramatiser une situation, mais à multiplier les jolies photos du canal, du Cher et des beaux endroits de Vierzon qui cachent la misère des autres.
Alors, oui, on peut expliquer que Vierzon est une ville magnifique, avec des habitants extraordinaires, des initiatives politiques merveilleuses, un cadre de vie inégalé, que les problèmes ne sont pas pire ici qu'ailleurs mais que les solutions sont mieux ! La preuve : en absence de solutions on parvient très bien à ne pas résoudre les problèmes. Il y a donc le côté officiel où tout va bien et le côté obscur où tout va mal. Mais ne dites rien, sinon, les Vierzonnais vont s'apercevoir qu'ils ne vivent pas dans une ville idéale dirigée par des élus dont le propre idéal se situe aux environs de 2017.