Chut ! Dites "oh c'est beau", "oh, c'est merveilleux", "oh, quelle bonne idée", "oh, quelle fantastique réalisation" ! Le oui-ouisme a dû être inventée à Vierzon tant certains ont fait usage. Sans doute les 3.591 électeurs qui ont voté pour la majorité. Mais c'est oublier que 14.000 autres ne l'ont pas fait... Et ça ne compte pas pour du beurre. Donc non, nous n'irons pas bêler avec la meute, en se pâmant devant le moindre fait et geste d'une majorité qui avance en piétinant le citoyen et surtout son avis.
C'est pourquoi, puisqu'on ne nous le demande pas, on le donne. Comme si être élu auréolait ceux qui le sont d'un totem d'immunité. On comprend les fans et les idolâtres, attirés par le magnétisme de l'aiguille de leur boussole qui arrive à trouver de la beauté dans la noirceur d'un goudron le long d'une canal de Berry ou de l'esthétisme dans les fades gardes corps d'un pont.
Le pire, c'est de ne rien dire, et surtout de n'avoir rien à dire, de rester là, la bouche ouverte, les yeux humides devant le moindre fait et geste qui devient alors militant, donc merveilleux, dont l'horizon indépassable exempt de critique parce que l'œil qui le regarde est devenu aveugle.
Et c'est ce que nous ne voulons pas devenir, aveugle et sourd. Parce que la critique permet d'avancer et tant pis si elle déplaît. Oui, le goudron le long du canal est moche, les garde-corps du pont Molière sont fades et il y a mille et un détails qui font que cette ville pourrait être mieux qu'elle ne l'est. Et c'est là-dessus que l'on s'attache, faire mieux, parce que la parole d'élu n'est pas parole d'évangile et son action, même pétrie de bonne intention, n'est pas à 100% satisfaisante.
Maintenant, qu'on nous reproche qu'il y ait des aficionados de Vierzonitude, c'est oublier ceux de la majorité municipale qui, sous prétexte que l'on est en désaccord avec leurs idées et leurs actions font de ceux-là des ennemis auxquels ils tentent de retirer toute crédibilité parce que, oui bien sûr, la critique n'appartient qu'à l'opposition. Plus de 14.000 personnes n'ont pas voté pour elle... C'est quatre fois plus que celles qui ont voté pour la majorité. Alors, pour équilibrer les éternels satisfaits, nous resterons les éternels insatisfaits. C'est intellectuellement plus enrichissant que de cirer constamment les pompes.