Tellement prévisible le coup de l'hôpital en danger à cause de ses finances... Tellement prévisible le coup du courrier adressé au ministre de la santé par le maire et son adjointe à la santé... Tellement prévisible le fait que l'hôpital de Vierzon bénéficiera d'une rallonge budgétaire... Tellement prévisible le coup de s'attribuer les lauriers dès lors que cette rallonge était de toute façon prévue... A 21h50, mercredi, sur le compte Facebook du maire de Vierzon, ce petit mot : "Des sources bien informées me susurrent à l'oreille que le Centre Hospitalier de Vierzon obtiendrait une dotation exceptionnelle..." Sans blague !! On ne s'y attendait pas du tout. Ca alors, quelle surprise !! Il suffit que la presse locale explique que l'hôpital est au bord du gouffre pour que le maire rédige un courrier en demandant une rallonge et l'obtienne ! A croire surtout que la rallonge était déjà obtenue et qu'il suffisait d'écrire le courrier...
"Reste que le montant n'est pas précisé (nous avons estimé le besoin à 2,5 millions d'euros dans notre lettre ouverte écrite avec Elisabeth Hovasse) et surtout nous ne savons rien des conditions afférentes à ce soutien. Prenons cette première bonne nouvelle comme une marche déjà gravie et restons vigilants pour que notre hôpital de proximité conserve toutes ses missions Déterminés ensemble contre la marchandisation de la santé !" Ah oui, le combat qu'on ne peut plus mener à l'Assemblée national, il faut vite le mener localement... Idem pour le commissariat. Il faut quand même que les syndicats tirent la sonnette d'alarme pour que le maire adresse une lettre au ministre de l'intérieur... Et la publie, surtout ne pas oublier de la publier ! Quand la politique politicienne se transforme en communication...
Dans la torpeur des vacances qui commencent, voilà que Vierzon se repasse les plats de son feuilleton préféré : le déficit de l'hôpital et sa survie. Comme l'a dit Vierzonitude à de nombreuses reprises, voilà trente que les élus successifs nous rejouent le coup de l'hôpital en danger, des services qui ferment, du déficit récurrent, des caisses vides qui menacent le fonctionnement de l'établissement.
Trente ans que, régulièrement, les mêmes élus demandent de l'argent, qu'on leur donne tout en partie et que plusieurs mois après, la roue tourne et il en faut d'autres. Trente ansque l'hôpital traîne sa dette comme une âme en peine et que l'établissement ne parvient pas à retrouver l'équilibre. C'est évidemment important, mais quelle est la réalité des chiffres ? Quelle est la réalité de la situation ? L'agence régionale de la santé qui est sollicitée par le maire de Vierzon à hauteur de 2,5 millions d'aides exceptionnelles peut-elle réellement mettre en danger environ 500 emplois, l'hôpital est avec la ville de Vierzon, l'un des principaux employeurs de la ville en refusant de payer ? Evidemment non.
A force de voir passer autant de demandes d'aides exceptionnelles, on en a pris l'habitude. Cela permet aux élus de défendre le service public, de noircir le tableau, de dramatiser une situation, d'accuser la nouvelle tarification hospitalière, et de faire le procès de ces sabreurs de service public qui ne sont pas de la même couleur politique que la municipalité et le syndicat.
Mais il y a un autre problème : celui du recrutement. Pourquoi l'hôpital de Vierzon ne parvient-il pas à recruter ? Pourquoi une si longue liste de postes à pourvoir ? Pourquoi les médecins, chirurgiens, spécialistes répondent-ils aux sirènes des autres hôpitaux et pas aux nôtres ? Se pose-t-on la question de l'attractivité,d e l'image, de tout ce qui constitue le pourtour d'un recrutement ? On ne traite que l'aspect purement politique et budgétaire de l'hôpital. Comment une ville peut-elle d'un côté construire un centre municipal de santé en espérant recruter des toubibs, des dentistes etc. et d'un autre côté, se servir de ce problème de recrutement et de déficit comme d'un argument politique ? D'ailleurs, fait étonnant, le maire n'a même pas sollicité la nouvelle députée du Cher pour qu'elle appuie ces demandes de fonds exceptionnels, sachant qu'elle doit savoir ce qu'il se passe dans cet hôpital, son mari en est un des cadres.
Trente ans que l'on nous sert la menace de la fermeture, ce fut les urgences (refaites), ce fut la maternité (refaite), ce fut la création d'un IRM qui devait sauver en partie l'hôpital. Ce fut des construction sur le site de la Noue. Alors, agiter sans cesse le spectre de la fermeture pour servir on ne sait quel intérêt, cela devient lassant. Ou l'on nous informe de l'exacte situation de l'hôpital afin de trouver une solution, ou l'on prend les dispositions qu'il faut. Mais arrêtons de toujours agiter ce chiffon rouge au-dessus des citoyens vierzonnais et du bassin de Vierzon pour qu'ils considèrent que les gentils sont les demandeurs de fonds exceptionnels et les méchants, ceux qui n'(ont de toute façon pas la même couleur politique que cette ville.
Lettre ouverte de Nicolas SANSU et Elisabeth HOVASSE-PRELY
à Madame la Ministre de la Santé
et à Madame la Directrice de l'Agence Régionale de Santé
Madame la Ministre,
Madame la Directrice,
En tant que Président et Vice-Présidente du Conseil de Surveillance du Centre Hospitalier de Vierzon, nous tenons à vous alerter des difficultés structurelles de notre établissement.
Situé au cœur d'un bassin sanitaire de 60 000 habitants, le Centre Hospitalier de Vierzon est un hôpital de proximité d'importance.
Il assume des missions essentielles de Médecine, Chirurgie, obstétrique et d'urgences et regroupe de nombreux praticiens dans nombre de spécialités afin de prodiguer des soins des nouveaux-nés aux personnes âgées.
C'est l'atout majeur de la permanence des soins et de l'accès aux soins au sein d'un territoire extrêmement déficitaire en médecine libérale. Son utilité et le maintien de la plénitude de ses missions ne sont donc pas à démontrer.
Certes, nous avons une difficulté, tout comme le Centre Hospitalier Jacques Cœur de Bourges, voire même le CHR d'Orléans à recruter de nouveaux praticiens. Mais tout ne tient pas dans cette difficulté.
Le Centre Hospitalier de Vierzon, comme des établissements de ce type, est victime d'un mode de financement (la tarification à l'activité) complètement déconnecté des besoins de la population ! Les efforts réalisés pour améliorer l'activité sont d'année en année annihilés par la baisse de rémunération des actes.
Ainsi, depuis près de dix ans, et la fameuse loi Hôpital Patients Santé et Territoire de Madame BACHELOT, la tutelle (Ministère et ARH puis ARS) exige des plans d'économie successifs qui s'apparentent plus aux saignées de la médecine de Molière qu'à autre chose !
En clair, depuis dix ans, il est exigé des personnels des efforts sans cesse redoublés, il est imposé des réorganisations, des mutualisations, il est interdit de faire appel à l'emprunt, le tout pour répondre à des normes comptables bien éloignées des besoins sociaux et humains de notre territoire.
Malgré tous les efforts réalisés, malgré des recherches permanentes d'économies de gestion, comme nombre d'hôpitaux de proximité, le Centre Hospitalier de Vierzon est structurellement déficitaire de 2,3 à 2,5 millions d'euros par an.
Les dernières années, avec l'appui des personnels et de la population, le Centre Hospitalier s'est vu attribuer plusieurs enveloppes financières non reconductibles, permettant d'installer l'appareil IRM et de diminuer le déficit comptable.
Ainsi en 2015 et 2016, nous avons obtenu auprès de Madame TOURAINE, alors Ministre déléguée à la Santé, plus de 2,5 millions d'euros.
Notre demande est donc très simple, allez-vous répondre favorablement à la demande d'une dotation exceptionnelle de 2,5 millions d'euros permettant d'équilibrer le budget 2017 du Centre Hospitalier de Vierzon ?
Le manque de transparence des volontés de la tutelle est insupportable, tant pour les agents hospitaliers, les citoyens, que les élus du territoire.
C'est pourquoi, nous envisageons d'alerter l'ensemble de nos concitoyens, pour leur donner la réalité d'une politique de santé qui n'a que la comptabilité comme horizon, au détriment des besoins sociaux et humains.
Nous n'accepterons ni suppression de services, ni diminutions de l'accès aux soins, car c'est la santé publique autant que l'égalité républicaine qui sont en jeu.
En vous remerciant de votre attention et dans l'attente de votre réponse, nous vous prions de croire, Madame la Ministre, Madame la Directrice Régionale, à l'assurance de notre ténacité à défendre notre territoire.