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Vierzonitude

Le blog que personne ne lit... mais dont tout le monde parle


Jean-François Jacq dédicace ce samedi à la maison de la presse et à l'espace culturel Leclerc

Publié par vierzonitude sur 9 Juin 2017, 17:11pm

Dédicace de l'écrivain vierzonnais Jean-François Jacq, Ian Dury, vie et mort du parrain du punk, ce samedi 10 juin, de 10 heures à 12 heures à la Maison de la presse, et de 14 heures à 18 heures au Leclerc Espace Culture.

Photo : Farouk Ferrah

Que vous laisse aujourd'hui, la publication de votre dernier roman, déchirant, Fragments d'un amour suprême ?

C’est tellement difficile de tirer un bilan. Si je réponds à brûle-pourpoint, disons un sentiment de vide absolu. Ce qui en soi n’est pas effroyable. Il faut comprendre que je suis extrêmement fier de ce livre, qu’il suinte à chaque page, que dis-je, à chaque ligne, à chaque mot, cet amour miracle que la vie nous avait réservé, à nous deux, écorchés. Je n’ai pas pour vocation de tricher avec la vie, avec ce que j’écris, ce que je transmets. Une fois terminé la rédaction de ce livre, je ne pouvais en aucun cas éviter que la douleur de l’absence, de son absence et qu’elle me soit de nouveau insurmontable. Elle a été effectivement terrible. Puis a laissé place à une zone non pas de confort, mais de soulagement. Encore une fois, on ne résout rien en posant une chape sur ce que l’on a vécu de plus douloureux. Il est absolument nécessaire d’apprendre à vivre avec, d’en faire un allier, et non un ennemi. Aucune haine me concernant. Je n’ai jamais conçu l’écriture comme étant le terrain d’un quelconque règlement de compte. 

Pensez-vous avoir soldé, dans l'écriture de ce livre, une blessure incommensurable qu'on mesure à la force de vos mots ?

C’est un sentiment assez étrange, voire paradoxal. En termes d’écriture, j’ai soldé. Mais si je me réfère au seul mot « blessure », étant désormais incapable d’ajouter quoique ce soit à ce sujet, j’ai asséché. La blessure en elle-même est donc toujours bien présente, béante. Mais du fait qu’elle n’est plus « sanguinolente », elle laisse enfin le champ libre « à »…     

Vous renouez avec la biographie musicale après Le soleil noir du rock français et Bijou. Pourquoi Ian Dury ? Et surtout qui est-il ?

Ian Dury n’est pas le fruit du hasard, c’est évidemment passionnel. Première raison, qui vaut pour mes autres biographies, le terrain est vierge puisqu’aucun livre ne lui a été consacré, du moins en français. J’avais treize ans quand je suis tombé en amour pour cet artiste. Nous fêtons cette année les quarante ans de l’une de ses chansons, éminemment symbolique : « Sex & Drugs & Rock & Roll ». Ce n’est d’ailleurs pas qu’une chanson, mais également une formule / définition du rock que bon nombre d’artistes se sont appropriés. S’ajoute à cela le fait que Ian Dury, qui a eu son heure de gloire en France et partout en Europe, a eu une vie incroyable, atteint de la polio à l’âge de sept ans, sa jambe gauche et son bras gauche définitivement foutus… d’où l’intérêt d’un tel livre qui réside également dans le fait qu’il a eu une place essentielle dans l’histoire de la musique pop et rock.  


  

Vous franchissez une étape avec un éditeur d'importance ? Comment s'est passée cette rencontre ?

C’est alchimique comme rencontre. J’ai tout de suite eu cet éditeur en tête, dès que j’ai terminé cette bio. Cependant Ring est effectivement un grand éditeur, et cela me semblait évidemment inaccessible. Première surprise, David Serra, directeur des éditions, a souhaité me rencontrer ; et d’emblée de me préciser avoir eu des retours dithyrambiques à mon sujet, quant à mon écriture. Ce à quoi je ne m’attendais pas. Ce projet en cours l’a séduit… et voilà comment les choses se sont déroulées ! 

Quelle place prend l'écriture dans votre existence ?

Vitale, capitale. J’ai d’ailleurs parfois l’impression qu’il n’y a plus de place pour rien d’autre. En même temps, au vu de mes innombrables blessures, cela a été une façon radicale de me protéger tout en me mettant à nu. Dis comme cela, le paradoxe est incroyable. Mais c’est vraiment cela. Au final, j’ai publié cinq livres en cinq ans. Je suis d’ailleurs le premier surpris. Je ne serai évidemment pas contre une pause, mais pour que je cesse d’écrire un certain temps, il faudrait une rencontre miracle, c’est-à-dire une rencontre salutaire. Ce qui se complète parfaitement avec le fait que j’ai plongé dans l’écriture avec une exigence de tous les instants… j’en attends de même de la vie, des rencontres que je peux faire… comprenne qui peut qu’il m’est impossible de faire autrement. 

Peut-on, à votre avis, être un auteur qui compte même à partir de Vierzon ?

A vrai dire je suis à Vierzon tout à fait par hasard, et cela fait déjà un peu plus de dix ans, mais… comment dire… ici, je me sens littéralement étranger. Ce n’est pas lié à Vierzon, c’est comme ça, je suis un auteur, et je pense que partant de ce précepte, je n’ai pas véritablement de place. J’en ai évidemment une dans le cœur de ce cercle de mes fidèles lecteurs. J’en ai une dans toute personne à même d’apprécier les livres, et de tomber un jour sur l’un ou l’autre de mes ouvrages, mais au-delà, je suis un véritable fantôme ; finalement en marge, mais c’est une place qui m’a toujours convenu. Alors ce mot « étranger », je le prends, je l’avoue, comme une aubaine, un bienfait. Ça me laisse les mains libres pour écrire, le champ d’autant plus libre pour les tendre à qui se tient dans la marge… 

Vous êtes un acteur important du salon du livre de Vierzon. Pourquoi cet investissement ?

Eh bien, toute position marginale que je puisse occuper, j’avoue que c’est le meilleur moyen de défendre ce que j’aime par-dessus tout, aussi bien la lecture que l’écriture. Et de croiser des gens, auteurs et visiteurs, qui ont ce même goût et intérêt pour la littérature. Bien évidemment, sans une rencontre que je considère comme étant capitale, je n’aurai jamais osé me mettre en avant quant à ma modeste participation à l’organisation de ce salon. Cette rencontre, c’est Jean Catinaud, libraire de Vierzon. C’est dorénavant un ami, et mon investissement est aussi un retour en remerciement de tout le travail de fourmi accompli de sa part dans cette ville, afin que la culture ne soit pas un vain mot.  

Après cette dernière biographie, quel autre projet de livre ?

Une nouvelle page autobiographique. Un quatrième projet littéraire de ce type… Je n’ai pas tout dit. Je n’ai rien dit ou presque de cette enfance sans amour, vécue en partie dans le noir, auprès d’une femme et d’une petite sœur schizophrènes. Cela va être extrêmement difficile de mettre à jour un tel projet. Difficile de trouver les mots qui se situent au-delà même de la douleur (quoique ce mot… je ne savais pas). D’emblée, je ne peux pas écrire « mon » enfance, et je précise « vécue auprès d’une femme » qui n’est autre que ma mère ; mais je suis dans l’incapacité de l’appeler ainsi. Tout simplement parce que je ne l’ai jamais fait… je veux que tout soit là, dans ce prochain récit, à la fois ce que j’ai déjà semé de-ci de-là dans mes autres récits autobiographiques… parce que j’en suis là aujourd’hui… et que je peux souffler, écrire ; me regarder en face. 

 

Sorti en librairie le 24 mai.
 

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