Politiquement, la défense des services publics a ses limites. Alors que les élus vierzonnais votent, en conseil municipal, des motions contre notamment, le projet de restructuration des finances publiques dans le Cher, qui entraînera la disparition dès le 1er janvier 2020 du service des impôts des entreprises, voilà que nos mêmes élus se réjouissent de la délocalisation des services de la Direction générale des Finances publiques (DGFiP). Normal, ce mouvement se fait dans l'autre sens, au détriment de l'humain mais du territoire vierzonnais, c'est-à-dire des familles contraintes d'aller habiter ailleurs.
Ces contorsions qui ne sont pas étonnantes veulent faire prendre des vessies pour des lanternes. Les emplois proposés ne sont pas pour les Vierzonnais, mais ils sont déjà occupés. Un intéressant débat s'est instauré sur les page facebook où cette "bonne nouvelle" a été annoncée. Ainsi, lit-on d'un internaute, "le but ce n'est pas pas de donner du travail à des vierzonnais, c'est de déplacer des services de Paris "à la campagne". Pour payer moins cher des locaux, pousser les agents parisiens qui ne voudront pas déménager et foutre leur vie personnelle en l'air à quitter la fonction publique, et inciter le recours au télétravail ! C'est de la poudre aux yeux, mais ça fait bien de dire que l'on dispatche plus de services publics sur le territoire."
Bien sûr, il est vivement suggéré de ne pas contredire cette merveilleuse nouvelle à l'orée des élections municipales. Pointer la contradiction est carrément mal vue. Imaginons qu'un service public de Vierzon soit délocalisé à Paris, les banderoles seraient déjà de sortie. Et le conseil municipal vent debout. Mais là, rien à redire de la République en Marche rend service.
"Je vous rappelle que cette délocalisation se fera sur la base du volontariat. Ce n'est pas 20 personnes en plus à Vierzon qui vont tout relancer", écrit un autre internaute. "Pourquoi un service est délocalisé à Vierzon mais que pour leurs impôts il faudra aller à Bourges pour poser une question", interroge une autre.
Un agent des finances originaire de Romorantin et en poste à Paris témoigne que "les agents inquiets ont déjà regardé les possibilités qui leur permettent de ne pas déménager et Vierzon est en bonne place dans cette liste. Les agents qui pourraient être envoyés "d'office" dans des villes non désirées s'organisent déjà pour ne pas déménager télétravail/temps partiel entre autres... il n'y a rien de réjouissant dans ce projet.... la dernière promotion de cadre B a vu beaucoup d'affectations d'office en province et n'a jamais enregistré autant de refus du concours par des agents franciliens affectés dans des villes de province peu attractives."
Un internaute analyse cette annonce : "D'une part ces services à compétences nationales n'auront pas d’accueil public local car il ne s'adresse pas au secteur environnant et ne contribueront aucunement à une réimplantation de services public local."
Ce que confirme la presse locale : "Ces emplois, qui étaient jusqu'alors assurés dans des grandes métropoles et notamment en Région parisienne, peuvent se faire à distance et « n'ont pas vocation à être en contact avec le public. C'est totalement déconnecté de la réorganisation actuelle des trésoreries du Cher », ajoute Xavier Menette, qui précise toutefois que les nouvelles équipes seront placées sous la direction de la DGFIP du Cher."
Le même internaute poursuit : "D'autre part ces délocalisations conduiront à des situations personnelles difficiles pour les agents. En effet, ils seront contraints de suivre ces services, déplacés à plusieurs centaines de kilomètres de leur domicile, ou d'effectuer du télétravail voire du travail à distance.
Ces possibilités largement plébiscitées par l'administration actuellement réduiront l'impact économique bénéfique aux collectivités accueillantes. Pour ceux qui suivront leur mission, leurs conjoints perdront leur emploi et rechercheront dans des secteurs géographiques dont l'économie est souvent moins favorable."