Le maire de Vierzon, notamment, vous a reproché votre participation à la marche blanche pour l'hôpital de Bourges. Serez-vous à celle de Vierzon ?
Par principe, je ne participe à aucune marche ou manifestation. J’ai fait une exception pour la marche blanche à Bourges qui était à l'initiative des soignants, et qui a réuni, de ce fait, les élus de tous bords, les soignants de tous les hôpitaux, les intersyndicales, les citoyens. Ce fut un grand moment de mobilisation auquel les parlementaires ont participé parce que nous sommes, comme tout le monde, inquiets d'une situation qui ne date pas d'aujourd'hui et qui s'aggrave dangereusement dans certains départements, comme le nôtre.
Le 16 juin, à Vierzon, nous ne serions pas dans la même configuration ni dans le même état d’esprit. Et puis, les marches et les manifestations sont des moyens d’expression et de pression mais il y a aussi d’autres moyens d’action.
Par exemple, je me bats pour l'embauche et le maintien de médecins à Vierzon. C'est le nerf de la guerre, si l'on peut parler ainsi. J'ai participé à l'embauche d'un médecin rééducateur et d'un médecin urgentiste, et actuellement je suis deux autres dossiers également.
Pour la maternité, j'ai rencontré une gynécologue qui exerce actuellement dans le sud de la France et qui serait très intéressée à travailler à l’hôpital de Vierzon. Il faudrait qu'elle soit bien accueillie et qu'on sache la retenir !
J'ai également proposé que l'on établisse un partenariat avec le Liban qui a des médecins francophones et qui est en surpopulation médicale, mais l'idée n'a pas semblé retenir l’attention du directeur de l’hôpital à qui j’en ai parlé.
Enfin, avec mes collègues députés du Cher, nous avons demandé et obtenu la réserve sanitaire, une réserve de médecins qui viendra aux moments les plus critiques; et nous réfléchissons actuellement à une initiative qui prenne le problème dans sa globalité, aux dimensions du département.
Quelle est votre position par rapport à l'hôpital, la maternité, le bloc opératoire, la dette ?
Le MoDem a toujours plaidé pour la cause de l'égalité des territoires. Pour nous, la France, c'est la France de tous les territoires et non une France des Pôles régionaux. Nous nous battons contre la désertification et l'hôpital est un des points forts de Vierzon. Il doit avoir un maximum de services si nous voulons attirer de la population et de l'activité pour que notre ville remonte la pente.
Cela veut dire qu'il faut mettre le paquet sur le projet médical. Si nous avons un bon projet médical, qui a du sens, qui montre une volonté de se remettre en cause, d'optimiser au maximum et d'adapter l'offre aux besoins de la population, alors la mobilisation sera moins soumise aux enjeux politiques et permettra de fédérer davantage, non pas dans la peur mais pour avancer.
Aujourd'hui, le message qui passe dans la population, c'est que l'hôpital de Vierzon pourrait fermer, ce qui est archi-faux.
Cela dit, nous manquons de médecins et nous devons tous nous mobiliser pour cela. C'est du travail au cas pas cas, qui prend du temps mais qui est essentiel.
On l'a vu avec le centre de santé qui, pour le moment, n'a pas réussi à faire de nouvelles embauches, ce que j'avais craint l'an passé.
Tous, nous devons mobiliser nos réseaux, en parler autour de nous et activer la moindre piste.
Mais c'est aussi et surtout une responsabilité de l'Ordre des médecins. On nous prouve qu'il y a assez de médecins en France mais qu'ils sont mal répartis. L'Ordre des médecins refuse les contraintes à l'installation. Alors quelles sont leurs solutions pour assurer les soins à l'ensemble des Français et non seulement à ceux qui ont la chance d'habiter dans des régions attractives ? Nous devons rendre nos territoires attractifs, certes, mais en l'état, nous avons le droit d'être soignés et nos impôts en sont les garants, en principe. Nous avons de plus en plus de mal à trouver un rendez-vous, que ce soit dans le privé ou dans le public.
Quant à la dette, je pense que si elle a pour origine les investissements passés, il serait bon qu'un accord soit trouvé parce que ces investissements étaient nécessaires.
La tarification à l'acte est souvent mise en cause mais il convient de se demander aussi si la cotation des actes, qui déclenche le paiement, est optimale. Est-ce que l'on optimise l'IRM, par des créneaux horaires élargis, alors que la demande est très importante ?
Quand j'entends que, pour cause de grève, on prévoit de supprimer tous les rendez-vous sur une journée entière voire plus, je me dis qu'on marche sur la tête !
De plus en plus, les hôpitaux de proximité sont valorisés dans le cadre de la santé publique. Les patients se retournent vers l'hôpital en l'absence des médecins de ville. On doit réfléchir à cette nouvelle donne dans le projet d’établissement et mettre en face des dispositifs qui permettent d'accueillir le mieux possible, avec le plus de fluidité, sans alourdir le travail des urgentistes.
Peut-être en assurant la présence d'un généraliste aux urgences, ou des internes qui pourraient assurer les cas les moins lourds. Tout cela ramène de l'activité à l'hôpital.
On voit bien que vos rapports avec la CGT sont difficiles. Comment l'expliquez-vous ?
L'attitude de certains militants de la CGT à mon encontre est inacceptable : en me menaçant et en cherchant à m'empêcher de rejoindre mon lieu de réunion, ils sont allés trop loin. C'est moi qui suis touchée mais c'est surtout à travers moi, de par ma fonction, la République qui n'est pas respectée.
Allez-vous être vigilante à la façon dont seront investies les aides de l'Action coeur de ville. Pensez-vous qu'il serait temps d'ouvrir un large débat sur le commerce de Vierzon et son avenir ?
Le problème de la vacance commerciale en centre-ville touche de nombreuses villes. Nous vivons de nouveaux rapports au commerce et les commerçants eux-mêmes commencent à en prendre conscience et à se dire qu'il faut sortir du schéma classique, inventer autre chose. C'est un passage difficile. C'est pourquoi le gouvernement a mis des moyens importants dont vont bénéficier des villes comme la nôtre.
Cela dit, je serai vigilante sur la façon dont seront investies les aides publiques de l'action Coeur de Ville. L'Etat le sera aussi, par l'intermédiaire de la préfecture, et
localement le conseiller communautaire Franck Piffault dont je suis proche est bien placé et a toutes les compétences pour réagir également.
Je crois qu'il y a eu beaucoup de réunions et quelques initiatives mais nous avons besoin d'un vrai coup de fouet pour redonner vie à notre centre-ville. Quand les animations se font en centre- ville les jours et les heures où les commerces sont ouverts, il y a plus d'activité dans les commerces.
C'est ce qui se passe à Aubigny, à Bourges, c'est aussi le cas les jours de marché à Vierzon ou lors des animations commerciales en ville. Avec tous les artistes que nous avons dans notre ville, la rue Joffre pourrait être animée le samedi après-midi et cela permettrait de faire venir du monde en centre- ville.
L’excellent projet "J'offre une boutique" commence à se développer et il faudra soutenir les nouvelles installations.
L'avenue de la République pourrait être davantage fleurie, plus chaleureuse. Il pourrait y avoir plus de bancs en centre-ville et dans les quartiers. L’embellissement et la propreté, avec la sécurité bien sûr, comptent beaucoup.
Nous verrons ce que va donner le projet Brunet-Rollinat. J'espère que ce sera joli, mais j'ai peur que ce soit un peu trop minéral.
Je regrette que ma proposition de lancer un concours auprès des écoles d'architecture n'ait pas été retenue. Cela ne coûtait rien et nous aurait donné des idées originales.
Votre regard sur les prochaines élections municipales ?
J'espère que les prochaines élections municipales vont permettre qu'une équipe nouvelle, si les Vierzonnais le souhaitent, redonne du souffle a la ville, parce qu'il ne faut pas oublier que la personne à qui incombe la responsabilité première, sur toutes ces questions, est le maire de Vierzon. A mon niveau, je continue mon action au sein de la majorité parlementaire, une majorité qui cherche à prendre les problèmes à bras-le-corps, les uns après les autres, au rythme que l’on sait soutenu, pour permettre au pays de se relever, de se moderniser, et de reprendre sa place parmi les nations.