Voilà un livre que Trump détesterait s'il savait lire. Fred Vargas a mis de côté ses polars pour une cause humanitaire : la survie de la planète et par la même occasion, la nôtre. "Ainsi, sommes-nous désinformés, décervelés, transformés en automates crédules et consentants, alors qu'en nous incitant sans cesse à croire à la nécessité de cette sacro-sainte croissance, ils mettent nos vies - des milliards de vies - en péril mortel, et ils le savent." Maintenant, c'est à nous de jouer même si le réchauffement climatique, la pollution, la disparition des espèces animales et végétales, l'épuisement des énergies fossiles, du fer, de l'argent etc... n'est pas un jeu.
Fred Vargas a mis les mains dans le cambouis. Son expérience de chercheuse lui a permis de crosier d'innombrables sources, et non seulement de poser le problème mais d'en extraire des solutions. Ce livre existe, il est l'essence de ce qui nous attend. Fred Vargas a suivi toutes les pistes et même si, les voitures électriques bon teint, le biocarburant ou l'éolien font bonne figure, elle a su démonter les mécanismes pour nous ouvrir les yeux.
Il y a bien d'un côté Nous, et de l'autre Eux. Sauf que sans nous, Eux ne peuvent plus rien. La voilà la troisième révolution. Le vote aux dernières Européennes en faveur des Verts n'est pas un hasard. La surconsommation de viande, l'agriculture intensive, la surexploitation de l'eau pour Coca-Cola ou le sucre (dix litres d'eau pour un carré de sucre), creusent notre tombe.
Fred Vargas a tout compilé, tout lu, elle n'a rien oublié. Elle sait que les chiffres qu'elle donne, les sujets qu'elle traite sont ennuyeux mais cet ennui est nécessaire. D'ailleurs, non, on ne s'ennuie pas, on s'alarme, on s'agace, on se redresse. On se dit qu'au bout de ce livre il n'y a pas un instant à perdre mais n'est-il pas déjà trop tard. Ce livre n'a pas de chapitre mais Fred Vargas a tout rangé, elle explore toutes les pistes et les épuise. A la fin, elle nous garantit une liste de solutions au quotidien. On ne pourra pas dire qu'on ne savait pas.
Ce bouquin se lit avec un surligneur et on surligne, et on surligne, pour ne pas oublier, pour répéter les énormités qui existent dans ce monde. C'est à peine croyable. Tout ce qu'elle avance est sourcé, à la fin du livre et on peut lire, nous-mêmes, les rapports que Fred Vargas a lus, les sites internet, les livres, tout. Ce bouquin est un choc, un poing dans la gueule. Une fois lu, c'est sûr, on le garde avec soi. On le rouvre, on le relit, on le rerelit.
Une chose est sûre : après sa lecture, rien ne sera comme avant. Ce livre transforme celles et ceux qui le lisent. Donnez un exemple ici n'est pas rationnel tant les sujets traités et qu'on retrouve dans notre quotidien sont lours de conséquences et ce qu'elle écrit, lourd de sens. Fred Vargas a pris le problème par le col et le soulève de terre pour le menacer.
Car à moins de menaces quel peut-être le sens de notre action ? Individuel d'abord. Collective. Que chacun apporte sa pierre. Et ensuite que nous votions dans le bon sens. Nos politiques n'aiment pas la planète sur laquelle ils vivent. Sinon, ils en feraient plu. D'un côté, on nous incite à des gestes "verts", de l'autre Fred Vargas nous montrent qu'ils ne sont pas si verts que cela. Mais ça ne peut plus durer. Ce livre est l'année 0 du réveil citoyen. Le manuel de survie. Le manuel du lecteur qui n'est désormais plus un couillon. La somme de ce qu'il renferme est un exemple de ce que nous devons faire.
Il faut lire L'humanité en péril, Virons de bord toute ! de Fred Vargas, 250 pages enrichissantes vendues 15 euros (un prix bas pour un livre de cette qualité et de cet épaisseur), édité chez Flammarion. Il n'y a pas de prétention, mais un grand cri d'amour, pour notre planète et tous celles et ceux qui y vivent encore.