C'est un petit livre passionnant, éclairant, signé Henri De Monvallier : Le tribun de la Plèbe, un essai sur le philosophe Michel Onfray... pour qui aime Michel Onfray, l'homme aux plus de cent livres. Ces 140 pages ont le mérite de condenser la pensée de Michel Onfray, distillée depuis trente ans, dans une série d'ouvrages qui jalonne son parcours. On aura apprécié sa dernière trilogie brocardant les politiques et la gauche. C'est toujours mal vu qu'un homme de gauche critique la gauche avec Camus et Proudhon comme figures de proue. Mais Michel Onfray ne s'est jamais dédit de son appartenance à la gauche libertaire, de son girondinisme décentralisateur en opposition au jacobisme, donc au centralisme, hérité de la révolution française.
On sent l'admiration et la passion qu'Henri De Monvallier entretient à l'égard d'Onfray. En plusieurs chapitres, kil pose les principes d'une pensée que Vierzonitude a déjà évoqué (en bien), à plusieurs reprises. Il est si rare de trouver des pensées qui ne varient pas au grès des circonstances. Quand Onfray se revendique de gauche, il rejette les formes de gauche pour la gauche, pour le pouvoir unique de la gauche. "N'accepter aucune autorité injuste et abusive, et n,e pas collaborer avec ceux qui rendent possible l'humiliation du peuple", précise l'auteur du Tribun de la Plèbe.
Une gauche ancrée dans le réel et non dans la théorisation de son idéologie, trop souvent coupée du monde. C'est ainsi qu'Onfray reproche toujours à François Mitterrand son virage de la rigueur et l'adhésion au traité de Maastricht. Henri de Monvailler rappelle aussi l'indispensable "droit d'inventaire sur toute pensée de gauche, même (et surtout) quand on se dit de gauche, sans jamais adhérer sans réserve à un courant établi".
Onfray rejette aussi l'idée que l'anarchisme obéisse à des chapelles anciennes dont il ne faut pas s'écarter. Ce qui est incompatible l'anarchisme. Onfray prône aussi "une vie de gauche" quand "on se dit de gauche", c'est-à-dire, mettre des actes en face des discours. Le livre sur le philosophe rappelle encore qu'un des principes d'Onfray est "de penser l'organisation politique à partir du peuple réel et concret, c'est-à-dire de ceux qui forment la majorité et sur qui le pouvoir s'exerce, et non pas sans lui ou contre lui."
Le tribun de la Plèbe d'Henri de Monvallier aux éditions de l'Observatoire. 141 pages. 14 euros.