La municipalité de Vierzon peut dire merci à l'actuel gouvernement. Dans leurs orientations budgétaires de 2018, qui seront débattues vendredi soir, lors d'un conseil municipal, les élus de la majorité n'oublient pas de préciser que "dès 2018, 91,5 % des foyers Vierzonnais (chiffre délivré par les services fiscaux) bénéficieront de la baisse de la taxe d'habitation (abattement de 30% en 2018, 65 % en 2019, 100 % en 2020)." Vanter une mesure macronnienne de la part des élus de Vierzon cachent un loup. Mais c'est grâce à cette mesure que la majorité vierzonnaise applaudit du bout des doigts qu'elle va faire passer la pilule d'une prochaine hausse des impôts locaux, du moins ce qui en restera. Enfin non, on ne dit pas "augmenter les impôts" mais "ajuster le produit fiscal ". Sans cette disparition progressive de la taxe locale d'habitation, la majorité aurait eu plus de mal à justifier sa future hausse, car derrière son annonce, coincée dans le détail des orientations budgétaires, la majorité insiste bien sur le fait que la baisse de la fiscalité locale sera de toute manière tangible pour 9 foyers Vierzonnais sur 10. Enfin, pour ceux qui en paient et qui sont historiquement matraqués par leurs montants élevés.
"De toute manière" signifie, que "comme l'Etat vous fait un cadeau, nous on peut vous le reprendre, vous n'aviez qu'à mieux voter aux législatives..." Mais, pour ne pas trop montrer que cette décision du gouvernement actuel arrange bien les affaires des élus vierzonnais, tout de suite derrière, la sémantique politicienne bien rodée, se met à l'abri de tout compliment qui écornerait la conscience de gauche de nos élus : "Il est annoncé une suppression de la TH (NDLR : taxe d'habitation) pour tous les foyers dès 2021. Si nous pouvons nous réjouir de cette décision pour les habitants, cela interroge quant à la compensation de cette suppression et de sa pérennité. Il ne faudrait pas que cela soit le nouveau vecteur d'une contraction des services publics locaux et des investissements publics locaux."
Pas de souci, la ville veille à ses intérêts. Et pour mieux démontrer que l'Etat n'est pas sa tasse de thé, malgré la suppression de la taxe d'habitation, les élus ont la technique pour faire pleurer dans les chaumières : " compte tenu notamment de l'implication de la ville pour pallier l'insuffisance des politiques publiques en matière de santé (création d'un centre de santé) et de sécurité (création de postes au sein la police municipale et implantation de nouvelles caméras de vidéo-protection) qui se traduit par 300 000 euros de coûts supplémentaires pour la collectivité..." Et surtout, faire endosser la future hausse des impôts vierzonnais à l'incompétence du gouvernement à prendre soin de Vierzon en faisant pleuvoir de l'or dans ses caisses.
Pourtant, à lire la presse récemment, nous avons bien compris que le maire de Vierzon était un chasseur hors pair de subventions, permettant à Vierzon de s'offrir un vaste plan de rénovation urbaine pour une somme modique et de faire cracher le gouvernement au bassinet en ce qui concerne le commerce dans le futur plan destiné aux centres villes en difficulté. Sans oublier la manne de la caisse des dépôts et consignations, la générosité de la région Centre-Val-de-Loire.
Résumé : la ville de Vierzon va augmenter les impôts non pas pour refaire les trottoirs de la ville, entretenir la voirie, rénover la rue Joffre ou l'avenue de la République, non, elle augmente les impôts pour financer le centre de santé en salariant des médecins, et renforcer la sécurité, deux fonctions que la ville s'oblige à prendre en charge (en matière de caméras, on a compris aussi qu'il y avait pas mal de subventions à la clef). Politiquement, c'est porteur de le faire et de faire supporter cette charge à moins de la moitié des Vierzonnais qui paient des impôts, après tout, ils peuvent payer ceux-là !