Le Rassemblement national n'est pas une fatalité. Certes, le département du Cher y a cédé, lors du premier tour des élections présidentielles mais des villes du Cher ont résisté. Sauf Vierzon qui s'est rattrapé au second tour en plaçant Macon en tête. Mais en 2017, Le Pen avait totalisé 4194 voix au second tous des présidentielles. En 2022, elle améliore son score de plus de six cents voix !
Doucement, la lente lepénisation des esprits a gagné la banquise rouge de Vierzon pour la faire fondre avec plus de rapidité depuis 2008. Doucement, les votes F.N puis R.N se sont imposés dans une ville qui a tous les mauvais penchants d'être ce terreau-là.
Heureusement qu'aucune personnalité locale d'extrême-droite n'ait vraiment émergé. Heureusement aussi que le parti de Le Pen n'a pas décidé d'envoyer un émissaire labourer les terres vierzonnaises, sinon, ce n'est pas le communisme ni le socialisme vierzonnais qui auraient pu endiguer la vague.
C'est justement là-dessus que jouent nos apparatchiks vierzonnais, sur le peu d'ancrage local du R.N à Vierzon, dans le sens où aucune personnalité ne le cristallise vraiment.
N'empêche, que Vierzon a laissé sa dernière digue céder. Jean-Luc Mélenchon, en tête en 2017, se retrouve derrière Marine Le Pen. Certes, il n'y avait que lui, et la candidature de Roussel, du parti communiste, a dilué les électeurs.
Mais est-ce qu'un électeur de LFI est un électeur du P.C.F ? On oppose l'uniformisation du débat politique au duel Le Pen-Macron, mais avec un candidat unique de la gauche, est-ce que toutes les sensibilités de gauche s'y retrouveraient ? Bien sûr que non.
A de nombreuses reprises, la marée lepéniste a fait venir la presse nationale, à Vierzon, pour essayer de comprendre comment fonctionne la machine nationaliste dans une ville ouvrière, "vieux bastion communiste", écrit Le Monde.
Qu'est-ce qui fait que le bureau de vote Beffroi-Tunnel-Château place Macron en tête ? Le quartier restructuré entièrement ? Les habitants savent-ils qu'ils le doivent plus aux subsides de l'Etat qu'à la volonté municipale ?
A Vierzon, la politique politicienne empêche toute initiative utile à la ville. Ici, comme le dit un adjoint, "on avance en marchant." Pas de perspective, on fait parce qu'il y a de l'argent. On n'assume pas ses choix, on tient surtout à ce qu'il soit subventionné.
Le commerce, l'état des rues, l'état du centre-ville, sont des sujets que les élus ne prennent pas à cœur. Préférant les coups médiatiques comme une étape du Tour de France à une reconstruction durable de la ville pour en améliorer le quotidien des habitants.
Ici, on s'attache à faire durer un parti plutôt qu'à dimensionner les efforts dans une ville qui ne possède plus que 25.000 habitants. Pas étonnant que le R.N soit maintenant en tête à Vierzon. Puisqu'au rempart ne l'a empêché.