Après une récente interview de la députée Nadia Essayan sur les sujets locaux, voici l'interview de la députée sur sa première année de députation et sur les sujets, nationaux, ce coup-ci.
Comment quantifier un an de députation ?
C’est compliqué de quantifier toute une année de travail législatif et de rencontres, d’auditions, de participation à des événements, de courriers etc.
J’ai quelques chiffres :
29 interventions dans l’hémicycle
1 proposition de loi rédigée et 8 co-signées
42 auditions
412 amendements
20 interventions en commission
58 réunions de commission
320 rencontres sur le terrain
Mais cela ne suffit pas à donner une idée de tout ce que je fais et ce que font plus largement les députés de cette mandature, beaucoup plus investis que les précédents qui avaient d’autres mandats en même temps.
En quoi cette élection vous a changé ou pas ?
Cette élection m’a donné un grand cadeau : celui de voir que les Français ont préféré le centrisme aux extrêmes. Cela me rassure sur le moral de mes concitoyens, sur leur volonté de vivre ensemble plutôt que de se déchirer ou de se désigner mutuellement comme les boucs émissaires d’une situation qui est le résultat de plusieurs années d’immobilisme et de manque de courage politique.
Je n’ai jamais été rien d’autre que MoDem (UDF le temps de la transition) parce que c’était cela l’esprit que je défendais, que nous conjuguions tous ensemble nos forces pour aller de l’avant avec audace. Aussi, quand Emmanuel Macron a mis sur pied une majorité dans laquelle le MoDem avait une place parce que nous avions des affinités sur le mode de gouvernance nécessaire pour remettre sur pied la France, j’ai été très heureuse de pouvoir y participer comme députée, c’est la récompense en quelque sorte d’un parcours politique où il a fallu se battre contre tous…
Quand tout le monde pensait que c’était impossible, que l’on ne pouvait pas sortir du bipolarisme droite-gauche, que c’était cela le modèle de notre vie politique, je faisais partie des quelques-uns qui tenaient bon et qui y croyaient. Et on voit bien aujourd’hui que la droite et la gauche ne sont plus viables, que les clivages sont ailleurs, essentiellement entre les européens et les non-européens. Et au MoDem, nous voulons faire avancer l’Europe dans le bon sens.
De quoi êtes-vous le plus satisfaite ?
J’aime le travail d’équipe, la proximité et la simplicité. C’est donc satisfaisant pour moi que le lien avec les territoires ne soit pas juste une ambition mais une RÉALITÉ pour la majorité : pensez donc que nous avons déjà eu cinq visites ministérielles en moins d’un an, et qu’une sixième aura lieu dans quelques jours ! Nous étions réellement déconnectés jusque-là, ce qui a causé une méfiance entre les citoyens et ceux qui les représentent, méfiance traduite par des votes risqués pour la démocratie. Ce gouvernement a choisi d’être au plus proche des réalités et des territoires, jusque dans ses choix d’investissements et d’action, plutôt que de lancer des grands projets avec tout le tralala.
J’apprécie les relations avec les ministres, notamment Françoise Nyssen, Jean-Michel Blanquer, Laura Flessel et Sophie Cluzel, qui sont ceux avec lesquels j’ai le plus de lien comme membre de la commission Affaires culturelles, mais aussi Jacqueline Gourault ministre MoDem auprès du ministre de l’intérieur ou encore Jacques Mézard, ministre de la cohésion des territoires.
Autre motif de satisfaction : je travaille dans une ambiance de confiance et d’amitié dans mon groupe parlementaire, dont je connaissais déjà bien le président Marc Fesneau, et plusieurs autres comme Marielle de Sarnez ou Jean-Louis Bourlanges. Avec mes deux autres collègues du Cher, Loïc Kervran et François Cormier-Bouligeon, nous formons une équipe au service du département. Nos équipes travaillent ensemble. J’ai aussi de bonnes relations avec la majorité des élus du département, dont le maire de Bourges et le président du Conseil départemental.
De quoi êtes-vous le moins satisfaite ?
Je mettrai un bémol sur la communication gouvernementale et parlementaire : à mon sens, le rythme du travail législatif est très soutenu et ne permet pas de faire suffisamment de pédagogie des lois. De l’autre côté, il n’y a pas assez de citoyens curieux du travail des députés.
Comment établissez-vous le lien entre Paris et votre circonscription ?
C’est toujours difficile de trouver le bon équilibre entre Paris et la circonscription parce qu’on pourrait passer 80% de son temps à l’Assemblée avec les séances à rallonge ! je m’efforce de partager mon temps de façon équilibrée, trois jours à Paris et trois jours sur le terrain. Je réponds aux invitations qui me sont faites quand mon agenda me le permet, aux rencontres de proximité autant qu’aux grandes cérémonies.
J’aime aussi faire découvrir l’Assemblée nationale qui est un lieu magique mais dont l’accès reste difficile si l’on ne connait pas un député. J’ai déjà accueilli des groupes de sympathisants, d’étudiants de la fac de droit ou de jeunes de l’IME de Saint Florent. J’ai invité tous les maires et présidents de communauté de communes. Certains ont déjà fait la visite et ont beaucoup apprécié de prendre ce temps.
Ce lien se fait aussi par mon équipe. Mes collaborateurs de circonscription, Françoise Prévost et Marc Siffert vont à Paris et ont accès à l’intranet parlementaire, et ma collaboratrice de Paris, Mathilde Karceles, est en lien avec la circonscription parce qu’elle gère la communication, entre autres. Enfin, je fais souvent référence à ma circonscription et à mon département dans mes prises de parole à l’Assemblée, une façon pour moi de les promouvoir !
Pensez-vous qu'un député puisse agir, par exemple, sur l'avenir d'un hôpital ou le sort d'un commissariat ? Et si oui comment ?
Oui, chacun à son niveau dispose de moyens d’action. Je me positionne comme une médiatrice, ou une diplomate, j’interviens pour que les choses avancent autant que possible. Ainsi, sur divers sujets, je vais au-devant des acteurs, je dialogue et tente de lever des blocages en faisant se rencontrer les personnes concernées. Je sais qu’il faut parfois du temps mais je suis tenace et patiente à la fois. Je n’ai pas de baguette magique, mais avec mes collègues députés nous sommes déjà intervenus pour l’hôpital, le commissariat, le POLT, la fac de droit, l’IUT, la cour d’appel, les agriculteurs, en obtenant à chaque fois des résultats sur des cas souvent difficiles.
Êtes-vous une députée libre, même si vous appartenez à une majorité ?
Oui je suis une députée libre parce que j’ai choisi librement de soutenir le programme d’Emmanuel Macron.
Mais je suis libre aussi de voter selon ma conscience si, sur un sujet particulier, ma conscience me le commande. Et je sais que mon groupe peut le comprendre et l’accepter, comme cela a été le cas lors de la loi Asile et Immigration.
Quels seront les dossiers importants de votre seconde année de députation ?
Je continuerai d’accompagner les dossiers santé, sécurité, enseignement supérieur, agriculture, transport, revitalisation des centres-villes, emploi et attractivité du territoire dont je me suis déjà occupée.
Je vais travailler aussi sur l’inclusion, notamment avec l’handisport. Et suivre aussi les retombées des premières réformes, notamment à l’école et dans le monde de la culture. Et puis il y aura de nouveaux sujets qui viendront des besoins du territoire, ou de l’actualité du pays. Je garde un minimum de flexibilité dans mon agenda pour accueillir ce qui vient !