L’une des principales mesures de la loi santé que doit présenter Agnès Buzyn, la ministre de la santé, mercredi 13 février, au conseil des ministres est la création d'un label "hôpitaux de proximité". Une mesure qui inquiète fortement certains élus locaux dont le maire de Vierzon, Nicolas Sansu, interrogé dans Le Monde.
"Il y a un tour de passe-passe derrière tout ça, estime Nicolas Sansu, maire (PCF) de Vierzon et vice-président de l’AMF, où il est en charge du groupe « ville et santé ». Pour lui, sans chirurgie ni maternité, « c’est un abus de langage d’appeler hôpital de proximité ce qu’on aurait appelé dispensaire il y a quelques années », lit-on dans Le Monde.
Le quotidien ajoute que "plusieurs maires (Saint-Claude, Vierzon, Creil, Le Blanc) se battent actuellement pour conserver ou retrouver leur maternité, souvent sur la sellette par manque d’un nombre suffisant de gynécologues et d’anesthésistes."
De son côté, "le maire de Vierzon, qui vient de sauver sa structure, juge que "le gouvernement fait fausse route en déshabillant certains territoires de services hospitaliers. Cette métropolisation de la santé est une erreur manifeste qui aura des répercussions politiques".
Sauver sa structure, c'est-à-dire, la maternité, c'est vite dit. Le récent- rapport de la chambre régionale des comptes sur l'hôpital de Vierzon remet l'hôpital de Vierzon au coeur des débats. Car si l'hôpital de Vierzon est labellisé "hôpital de proximité", l'établissement sera assuré d’un socle de services (médecine polyvalente, soins de suite et réadaptation, gériatrie…) ainsi que d’un certain niveau d’équipements (laboratoire d’analyse, radiologie, etc.).
De plus, "un financement adapté, non directement indexé sur leur activité, leur sera également garanti" mais l'hôpital de Vierzon devra renoncer , souligne Le Monde, à son plateau technique, c’est-à-dire à son bloc chirurgical, (dont sont déjà dépourvus les actuels 243 hôpitaux de proximité).
Cela se traduirait pour l'hôpital de Vierzon "par la fin de la chirurgie conventionnelle et de l’obstétrique." Alors, annoncer que la maternité de Vierzon est sauvée est sans doute précipitée...
Attention à la vague, et celle-ci ne sera pas en béton. Le projet de loi qui sera présenté, mercredi, en conseil des ministres par la ministre de la santé, place l'hôpital de Vierzon en plein dans l’œil du cyclone. Ce projet de loi prévoit la création de 500 hôpitaux de proximité. Pas d'ouverture de nouveaux établissements, non. Mais un label destiné à la prise en charge des soins courants, un dans chaque bassin de vie. Ce que préconise étrangement le rapport de la chambre régionale des comptes à propos de l'établissement vierzonnais.
Les services qui devront être présents ne sont pas encore définis. Mais, chaque hôpital de proximité devrait comprendre un laboratoire d'analyses médicales (c'est le cas e Vierzon même si celui de Bourges lui mange la laine sur le dos), des services de radiologie (c'est le cas de Vierzon), un service de médecine générale (c'est le cas de Vierzon), un service de gériatrie (c'est le cas de Vierzon) et un Ehpad (c'est le cas de Vierzon). On croirait la loi taillée pour l'hôpital de Vierzon.
Le Journal du dimanche qui consacre six pages à ce sujet ajoute qu'il s'agit-là, "d'une nouvelle organisation des soins qui impliquera parfois des fermetures de services". A Vierzon, la chambre régionale des comptes préconise l'abandon de la chirurgie, donc de la maternité...
Un spécialiste du système dit encore, dans le JDD que "ça redonne de la noblesse aux hôpitaux locaux, c'est très malin. Et ça va permettre de dire à certains petits hôpitaux généraux (NDLR : c'est le cas de Vierzon) qui faisaient de la chirurgie sans avoir d'équipe suffisante (NDLR : c'est le cas de Vierzon), on arrête mais on vous donne un label. Ca leur permet de sortir la tête haute et, plus globalement, de maintenir un maillage de service public." On verra ce qu'en pensent élus et syndicats. Sauf si ce projet de loi suscite autant de réactions que le contenu du rapport de la chambre régionale des comptes...