Bon, c'est vrai, avouons-le : l'immeuble des anciennes Nouvelles-Galeries, c'est un peu la vigie vierzonnaise, une sorte de Beffroi des temps modernes, érigé en centre-ville. C'est comme être né rue Karl-Marx, quand la maternité habitait à cette adresse, ça fait partie de l'ADN des Vierzonnais. Quand le centre-ville ressemblait encore à quelque chose, que le marché flemmardait place Foch le samedi après-midi et place du Marché au Blé, vous vous souvenez, on passait de Monoprix aux Nouvelles -Galeries allant aussi à Toupourien, Sivry, Jeanne d'Arc, Dhuique, Jem's... on en passe et des très nombreux ! On allait mater les vinyles chez Monop', on grimpait les étages des Nouvelles-Galeries, on allait jouer au baby-foot au (grand) Mail ou à l'Express rue des Ponts ou encore au Royal-Jeux, rue Gourdon (actuellement chez Fanfan). Il y en avait du monde dans la rue à cette époque. L'été, on s'achetait une glace, au camion jaune stationné place du Mail. L'hier, on s'offrait des châtaignes chaudes... Et toujours en toile de fond, les Nouvelles-Galeries.
Bon c'est vrai, on fait les marioles, on se dit qu'on dansera sur les gravats de l'ancien Gifi au mois de juillet, qu'une fois par terre, on dansera autour ou à la queue-leu-leu jusqu'à l'ancienne Poste. On risque de faire un peu la gueule quand même. Parce que l'immeuble des Nouvelles-Galeries, il est là depuis plus longtemps que nous. On l'a toujours connu ce cochon de bâtiment qui ne veut plus rien dire aujourd'hui, certes, mais qui aimante encore une certaine façon de Vierzonner. Il est sur toutes les cartes postales anciennes, de tous les horizons. visible du haut de l'avenue de la République, il vous écrase quand vous passez rue Armand Brunet. Quand le Forum république s'est construit, une erreur majeure de Vierzon, Monoprix en a pris un coup dans l'aile. il a fermé. du coup, les Nouvelles Galeries ont déménagé. c'est là que tout a commencé à déconner.
Car là, quand tout sera à terre, c'est une partie de Vierzon qui foutra le camp. Nos souvenirs avec, nos repères avec. Mais c'est un mal nécessaire, n'en déplaise à certains qui croient encore que le bâtiment est un monument historique. On ne regrettera pas celle des embouteillages, des camions dans les deux sens, quoi que... A l'époque, on s'en foutait, la ville était blindée de commerces, ça grouillait sur les trottoirs, avec des troquets partout, des samedis après-midi de folie à Vierzon. Là, quand tout le pâté de maison aura vomi ses tripes, ça voudra dire qu'on aura vraiment changé d'ère. Qu'une partie de Vierzon, celle qu'on préférait, n'existera plus du tout. Qu'une vaste place dont on craint l'aménagement s'étendra en bas de l'avenue de la République. Ca fait vieux con de dire ça, mais qui ne regrette pas ce Vierzon des années 70 et 80, qui ne regrette pas la construction de cet Forum république, la fermeture de la piscine d'été ?
Le centre-ville de Vierzon n'a jamais changé. Prenez les cartes postales du début du siècle, c'est le même. Les mêmes immeubles, les mêmes masses. Or, là, tout va disparaître, enfin les immeubles. Parce qu'une partie des ennuis vont rester. On ne va pas non plus pleurer à chaudes larmes. Mais, l'immeuble des Nouvelles-Galeries, c'est l'immeuble des Nouvelles-Galeries, un cube qui nous rattache encore à une époque qui a disparu mais que l'on n'a pas envie de quitter tout à fait parce que cette époque-là, c'était aussi le Vierzon qu'on préférait. On ne sait jamais, si ça revenait. N'empêche que, putain, ça va nous faire drôle quand l'immeuble ne sera plus là ! Houais, ça va nous faire drôle.