Les 20 et 21 mai, l'association de la Mémoire industrielle et agricole organise son énième rassemblement de tracteurs à Vierzon. Depuis presque trente ans cette association collecte et répare le patrimoine agricole que cette ville a fabriqué pendant des décennies. En 2023, il n'y a toujours pas de grand musée consacré au machinisme agricole de cette ville dont c'est pourtant l'ADN. Jusqu'à samedi, Vierzonitude va consacrer un article par jour à cette incongruité pou quand la mairie refuse à tout prix de donner à ce fabuleux patrimoine la place qu'il mérite.
Qu'on le veuille ou non, Vierzon reste la capitale du machinisme agricole, des batteuses, des tracteurs, des locomobiles, de Merlin à Brouhot en passant bien sûr par la Société Française. Paradoxe étonnant : impossible ou presque de croiser un tracteur à Vierzon.
Rien. Pas un musée digne de ce nom, si ce n'est un panneau mensonger qui ne mène à pas grand chose, en tous cas pas à la hauteur des ambitions auxquelles Vierzon pourrait prétendre et donc une vague exposition qui ne met pas en avant la richesse patrimoniale véritable de cette ville : son machinisme agricole. Presque trente ans après la fermeture de Case, Vierzon se contente de quelques miettes : un rassemblement de temps en temps, histoire de pleurer sur ce que l'on ne possède pas. Et le reste de l'année, rien. Ah si, un tracteur exposé sur l'esplanade vieillissante de la Société-Française.
S'ajoute la dérive d'un patrimoine industriel magnifique, le B3 de la Société Française et ses verrières classées, bradé sans la moindre honte au mercantilisme outrancier de la société de loisirs au détriment d'une culture locale qui va au-delà du simple public vierzonnais. Et à une école privée réservée à des fils d'actionnaires du CAC 40 plus qu'à des fils d'ouvriers. Mais tout est une question de choix, n'est-ce pas.
Les majorités successives ont promis tellement de choses dans cet endroit, comme pour mieux ne rien faire du tout, sans s'apercevoir qu'on ratait le coche. Vierzon n'est qu'une pâle sous-préfecture qui fait la part belle à des entrepôts logistiques et à des zones commerciales qui souffrent. Alors évidemment, quand vous arrivez avec un projet de musée national de machinisme agricole, on vous rigole au nez. A cela, on préfère un musée vierzo-vierzonnais pour entretenir ses petits antagonismes anti-capital et ses marottes syndicales, politiques et bassement nombrilistes.
On montre au public, finalement, que l'on ne possède rien, que l'on ne peut rien voir, même pas l'usine où furent fabriqués les tracteurs. Que de cette usine, on n'en sort rien de précieux. Voilà la réalité vierzonnaise, fâchée comme d'habitude avec ce qui peut la hisser vers le haut. Vierzon a raté le coche, elle a raté un rendez-vous, même la nef promise n'existe plus, on promet maintenant 600 mètres carrés à l'écart du B3 de la Société-Française, ce cœur battant du patrimoine.
On parle des tracteurs de Vierzon partout sauf à Vierzon. Nos élus piétinent le patrimoine au point d'avoir voulu vendre la maison du patron et créateur de la Française, Célestin Gérard. On préfère caresser l'incertitude du bitcoin et d'une école qui cherche encore ses élèves. Mais le tracteur qui pue l'huile et le cambouis, ça risquerait de tâcher les ambitieux costumes de nos élus qui depuis des décennies, croient faire de Vierzon ce qu'ils n'ont jamais été capables de réaliser.
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