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Vierzonitude

Le blog que personne ne lit... mais dont tout le monde parle


Une sous-préfecture à Vierzon, est-ce encore utile ?

Publié par vierzonitude sur 25 Juillet 2023, 10:57am

Une sous-préfète s'en va, une autre arrive.... Mais  Vierzon, une sous-préfecture est-elle encore utile ? 1984-2022 : 38 ans de sous-préfecture. Est-ce encore utile d'entretenir une sous-préfecture à Vierzon ? D'entretenir des bâtiments pour quelques heures d'ouverture par semaine ? Est-ce que la sous-préfecture, en dehors de son titre de prestige, a  encore un sens en 2022 ?

Le budget de fonctionnement (on parle d'un million d'euros) ne serait-il pas plus utile ailleurs ? Quand on voit l'état du commissariat  (un nouveau commissariat pas avant la saint Glin-Glin) et de la gendarmerie de Vierzon, on se dit qu'une maison de maître qui abrite un sous-préfet, juste à côté d'une gendarmerie en déliquescence, ça fait quand même bizarre non ?

Étrangement, aucun élu ne la ramène là-dessus. Pensez-donc, ne plus être sous-préfecture, ce serait dégradant.  A quoi sert encore un sous-préfet aujourd'hui ? Pour la fonction parce que pour l'administration prière d'aller à Bourges. Ou de déposer le tout dans une urne direction Bourges.

On sait que Vierzon sous-préfecture est un vieux caprice socialiste que François Mitterrand a accordé à Jean Rousseau (ex-maire de Vierzon 1990-2008) lorsqu'il était député de la vague rose. Pour le reste... Loin du centre-ville, le parc qui abrite la maison de maître et les locaux administratifs devraient être restitués pour en faire un autre usage. Et si, justement, aucun autre sous-préfet n'était nommé à Vierzon ?

Une sous-préfecture à Vierzon, est-ce encore utile ?

Un siècle d'attente et de réclamation. De frustration rentrée aussi. Pourquoi Vierzon a-t-elle du attendre si longtemps avant de devenir une Sous-Préfecture, chef-lieu d'arrondissement ? Son statut de seconde ville du Cher le lui autorisait naturellement. Mais voilà, Vierzon n'était “que” chef-lieu de canton. Reléguée aux basses oeuvres de l'administration. Boudée. Recalée sans cesse. Délit de sale ville ?

En tout cas, jalouse de la beaucoup plus petite commune de Sancerre, dans le nord du Cher, la deuxième ville du département, jalouse oui et il y avait de quoi. Sancerre sur son piton, pouvait narguer Vierzon de sa hauteur de sous-préfecture, déclassée certes depuis mais sous-préfecture quand même....

Tout change le 5 avril 1984 lorsque sur “une décision personnelle” de François Mitterrand, président de la République, le décret consacre Vierzon, Sous-Préfecture. Enfin. Le sort de la ville est scellé depuis plusieurs mois auparavant. Jean Rousseau, maire-adjoint de la municipalité communo-socialiste est surtout élu député de la vague rose. Il plaide la bonne cause auprès de son mentor socialiste, le 27 juillet 1982. Que se sont dits les deux hommes ? Quels arguments ont affuté la lame décisive du Président de la République ? Mystère...

Boudée par le pouvoir gaulliste ?

Moins de deux ans plus tard, la publication du décret porte la signature du Premier ministre, Pierre Mauroy. L'histoire est en marche, enfin, la nouvelle histoire sous-préfectorale de Vierzon, bastion communiste depuis 1959 et ville industrielle en intense bougeotte sociale.

Est-ce ce dernier trait de caractère qui vaut à Vierzon d'être sous-gradée par le pouvoir gaulliste de la cinquième République pour qui, ce fief du P.C.F devait être privé de son statut légitime de chef lieu d'arrondissement ? Ou, moins politique, moins paranoïaque surtout, est-ce la proximité de Bourges, Préfecture du Cher distant de trente kilomètres, qui fait longtemps de l'ombre à sa petite soeur l'empêchant, sans mauvaise arrière-pensée, de devenir Sous-Préfecture comme Saint-Amand Montrond, ville plus petite, dans le sud du département ?

Revanche tardive mais revanche tout de même. Pierre Joxe atterrit à Bourges pour franchir, le 21 janvier 1986, le seuil de la Sous-Préfecture de Vierzon, avec notamment Alain Calmat, ex-star du patinage artistique devenu député socialiste. Le Ministre de l'Intérieur et de la Décentralisation affirme, avec aplomb, c'est bien “en haut lieu” que la décision pour laquelle il est à Vierzon ce jour-là, a été décidée. Sans plus de commentaire. Vierzon joue désormais dans la cour des grandes. Ce doit être la dernière ville à devenir ainsi sous-préfecture. Les arguments ont du peser autant que l'importance de la décision.

Pierre Joxe l'inaugure

Le 29 mai 1984, Jean-Claude Rey, barbe et lunettes sous sa casquette officielle, est nommé Sous-Préfet de Vierzon, le premier Sous-Préfet, chargé de l'installation. Cette nomination est le second acte fondateur après le décret du 5 avril 1984, créant l'arrondissement. Dans le bulletin municipal de septembre 1984, Jean-Claude Rey pose à côté du maire de l'époque, Fernand Micouraud. “Vierzon aujourd'hui Sous-Préfecture aura avec l'inauguration de la 39è foire exposition, le plaisir de recevoir son premier sous-préfet, commissaire adjoint de la République.”

Jean-Claude Rey s'installe dans ses fonctions le 12 juillet 1984. Il arrive d'Ussel, en Corrèze après plusieurs passages dans des cabinets de Préfets, dans le Rhône, l'Ardèche, le Maine-et-Loire. Il explique vouloir être “un homme de terrain”, ce que diront à peu près tous ses successeurs. Surtout sur le terrain de l'économie, devenu marécageux, après des plans sociaux drastiques et des menaces sévères sur l'industrie vierzonnaise qui ne cesse de fondre comme neige au soleil.

Après Bourges, la ville représente pourtant le deuxième centre industriel du Cher. Son activité économique au milieu des années 1980, est orientée vers les industries mécaniques, mais le textile, l'habillement, la céramique et la porcelaine ont, en revanche, disparu. La désindustrialisation de passe mal, au prix d'un fort taux de chômage.

Un nouveau bâtiment

“Homme de terrain” : après cinq cents jours d'activités, le Sous-Préfet a visité 39 communes, assisté à 190 réunions et à 135 manifestations publiques, il a surtout rencontré 320 personnes en audiences privées. Les Vierzonnais et les habitants rattachés à la sous-préfecture peuvent désormais venir y chercher cartes grises, passeports, permis de chasser etc. Pour l'anecdote, 800 Vierzonnais ont évité d'aller à Bourges subir la visite médicale dans le cadre de la commission du permis de conduire.

Pour ses débuts, la Sous-Préfecture occupe des locaux, dès le 1er octobre, dans la rue Gourdon. Le temps qu'une “vraie” sous-préfecture sorte du sol des “Terres Mortes” sur la route de Massay, un lieu-dit peu engageant mais qui, heureusement, ne porte absolument pas préjudice à la carrière de la Sous-Préfecture !

L'établissement public se construit en dehors de la ville, tout près de la gendarmerie alors, qu'à l'origine, la ville souhaite construire l'édifice dans le centre. Est-ce pour mettre de la distance entre les manifestants et la Sous-Préfecture, raconte-t-on... ? Ou est-ce tout simplement parce que la propriété de 13.000 mètres carrés, achetée à un docteur vierzonnais, est une très belle opportunité ?

Elle bénéficie d'un côté, d'une maison de maître datant de la fin du dix-huit-début dix-neuvième siècle. Ce sont les appartements privés des Sous-Préfets en exercice et de leur famille, deux cents mètres carrés sur deux étages. De l'autre côté, un terrain sur lequel l'architrecte Xavier Arsène-Henry, prix de Rome, construit un bâtiment de briques et de verre, dans le parc boisé. Enfin, la maison du gardien est aménagée dans une ancienne dépendance de la propriété, située à l'entrée.

La ronde des sous-préfets

Le décret suivi plus tard de l'inauguration de la Sous-Préfecture met un terme à “une anomalie du découpage administratif”. Pierre Joxe rappelle dans son discours que “cette création prouve que l'Etat a définitivement opté pour une représentation territoriale permanente et qu'il a choisi pour ce faire un corps de fonctionnaires qu'une tradition presque bicentenaire a rendu éminemment aptes à cette tâche.”

Vierzon, Sous-Préf', se retrouve alors à la tête de huits cantons (1) : Argent-sur-Sauldre, Aubigny-sur-Nère, La Chapelle d'Angillon, Graçay, Lury-sur-Arnon, Mehun-sur-Yèvre, Vierzon 1 et Vierzon 2 et de 43 communes qui s'étalent sur une superficie de 207.000 hectares. Jean-Claude Rey quitte Vierzon le 22 mai 1987. Tâche accomplie.  En 2019, Vierzon fêtera ses trente-cinq ans de Sous-Préfecture. Et on ne sait toujours pas ce qui a emporté la décision de François Mitterrand...

(1) Cantons d'Argent-sur-Sauldre, Aubigny-sur-Nère, La Chapelle d'Angillon, Graçay, Lury-sur-Arnon, Mehun-sur-Yèvre, Vierzon 1 et Vierzon 2.

Une sous-préfecture à Vierzon, est-ce encore utile ?
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Une sous-préfecture à Vierzon, est-ce encore utile ?
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U
On a des nouvelles des chats ?
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J
Evidemment que c'est utile. Le rôle du sous-prêfet reste important, même s'il n'a pas d'administration dediée à Vierzon. Il s'appuie sur l'ensemble des services de l'Etat.<br /> <br /> Le Sous-préfet, entretien un dialogue fort avec les collectivités, ce qui permet à ces dernières de faire remonter plus vite leur besoins et préoccupation aux administrations centrales.<br /> <br /> Sans sous-préfet à Vierzon, ne vous attendez pas à des réponses rapides sur tout ce qui concerne les missions de l'Etat à Vierzon...<br /> <br /> et si la sous préfecture était fermée, ne pensez pas que le budget dédié resterait à Vierzon pour d'autres missions....
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L
Eh ben , moi qui croyais que c'était un point relais pour les colis, j'suis très déçu de savoir maintenant que ce n'est pas le cas, misère misère, un si beau bâtiment et peu de fonctions c'est bien dommage!! :-)
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L
Quand au début du XIXe siècle les arrondissements ont été créés à la suite des départements, Vierzon était saucissonnée en deux communes : Vierzon-Ville et Vierzon-Village (comme Aubigny d'ailleurs). Donc démographiquement c'était modeste et jugé proche de Bourges comparativement à Sancerre... Il ne faut pas chercher plus loin. Pour mémoire la première sous-préfecture était rue Gourdon au-dessus du lycée St-Joseph.
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H
Même symboliquement, vaut mieux qu'elle reste!
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M
Il n'y a pas de réponse personne ne sait!!
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M
Quel etait cemédecin?
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