On aurait dû se méfier : ne jamais confier des joyaux du patrimoine à des élus communistes. En octobre 2013, l'un d'eux expliquait à propos de la vente de la maison dite Jeanne d'Arc : « Nous n'avons pas une volonté patrimoniale. » Sans blague, on n'aurait pas deviné. Neuf ans plus tard, la politique patrimoniale est une faillite. La maison dite Jeanne d'Arc tombe en ruine. La ville veut vendre la maison de Célestin Gérard, le créateur du machinisme agricole pour une bouchée de pain. Les fours à globe attendent d'être transformés en poussière.
Aucun tracteur ni machines agricoles sur le site du B3 de la Société-Française. La collection de l'association de la Mémoire industrielle et agricole remisé au fond d'un hangar. Un mini-musée fourre-tout avec la volonté de ne faire ressortir que les luttes sociales, en clair un musée du communisme et du syndicalisme.
Mais là on l'on peut voir l'indifférence de la municipalité vis-à-vis du patrimoine, c'est dans l'absence de tout élu chargé du patrimoine ! Cherchez bien, il n'y en a aucun. On s'en fout du patrimoine vierzonnais mais on parade en mettant en avant le B3 légué à une école privée avec des deniers publics. Et ça parade encore lors des journées du patrimoine qui, cette année, vont imposer leur thème, façon démocratie chinoise, autour de la biennale d'art contemporain.
On ne parle pas du canal, autre patrimoine bradé, ni des autres petits trésors vierzonnais, piétinés, ignorés, au profit de manifestations à paillettes et de brillant. Nos élus aiment ce qui brille car ils espèrent récupérer une part de cette lumière. Lamentable. A Vierzon, le patrimoine est une faillite parce que la volonté municipale est de vouer à la ruine tout ce qui ne lui sert pas à capter des subventions. La maison de Célestin Gérard en est le symbole le plus emblématique : les élus vierzonnais de la majorité ont gardé de Case la brutalité des tractopelles. Mais pas la poésie du patrimoine industriel.
l s'agit, sans aucun doute, de l'une des maisons les plus anciennes de Vierzon encore debout. La maison dite de Jeanne d'Arc, en réalité ancienne demeure des vicaires, est un pan symbolique du patrimoine local…
La ville a décidé de mettre en vente cette fameuse bâtisse du XV e siècle à pans de bois, sise rue Armand-Brunet et classée monument historique (*). Une annonce a été mise en ligne, il y a peu, sur le site Internet de la ville. Le prix de la maison, qui comprend deux logements, sur deux niveaux et 150 mètres carrés, sans terrain ni dépendance, a été fixé à 36.000 euros.
Acquise en l'an 2000
Pour la municipalité, la raison de ce choix est simple. « Cette maison faisait partie des cessions possibles de cette année décidées en bureau municipal », explique Franck Michoux, adjoint au maire en charge de l'aménagement urbain. « Nous voulons conserver en priorité les bâtiments que l'on peut utiliser. Ce qui nous intéresse, ce sont les lieux fonctionnels et utiles pour le public. Nous n'avons pas une volonté patrimoniale. »
L'édifice médiéval avait été acquis par la précédente municipalité de Jean Rousseau, en l'an 2000. « Nous avions acheté cette maison dans le cadre d'une succession, pour éviter qu'elle ne soit transformée ou démolie », précise Frédéric Morillon, historien local, à l'époque conseiller municipal délégué au patrimoine et aujourd'hui conseiller municipal d'opposition. « L'idée était de la restaurer pour qu'elle soit mise en valeur et en faire un bâtiment fort. »
« Je suis stupéfait, et je n'arrive pas à comprendre cette décision », réagit Frédéric Morillon, à l'initiative de l'achat. « Je conçois que la ville ait besoin de vendre le patrimoine qu'elle a en trop, mais pas les bijoux de famille ! »
De gros travaux sont à prévoir
« La remise en état se chiffre en centaines de milliers d'euros », explique, pour sa part, Franck Michoux. En effet, comme le précise d'ailleurs l'annonce publiée par la mairie sur son site web, le bâtiment est inoccupé et nécessite, surtout, « d'importants travaux de rénovation ». Selon le service urbanisme municipal, l'ensemble de la façade, la charpente et les planchers devront être repris. Les fondations de la maison, elles aussi, ont travaillé. La somme de travaux, pour lui redonner vie et le rendre accessible, se serait avérée trop importante, selon la municipalité.
L'annonce a déjà suscité de l'intérêt. Deux personnes, « l'une de Vierzon, l'autre extérieure à la ville », se sont déjà fait connaître, selon le service urbanisme, mais n'ont pas donné suite pour l'heure. Un investisseur immobilier extérieur à la région s'est, également, manifesté. L'objectif de cet opérateur, coutumier des constructions anciennes et recherchant ce type de bien historique, serait de restaurer le bâtiment afin d'y créer des logements locatifs. Des visites sont d'ores et déjà prévues.
Quel qu'il soit, l'éventuel acquéreur devra s'attendre à supporter quelques contraintes. Un chantier dans un monument classé est soumis à une autorisation de la Direction régionale des affaires culturelles (Drac) et du service départemental de l'architecture et du patrimoine (Sdap). Les travaux doivent être effectués sous le contrôle technique de l'architecte des bâtiments de France. Certes, une tâche pour laquelle des aides financières existent également. Y aura-t-il des courageux pour franchir le pas et s'atteler à la réhabilitation du lieu ?
(*) L'élévation et la toiture de la maison sont protégées au titre des monuments historiques par arrêté du 26 décembre 1944.