2ème tour des élections présidentielles :
Tout n'est pas perdu à Vierzon. Alors que la deuxième ville du Cher avait placé Marine Le Pen en tête devant Jean-Luc Mélenchon au premier des élections présidentielles, la ville a eu comme un sursaut de lucidité. Emmanuel Macron arrive en tête à Vierzon avec 51,99 % des voix, seulement 405 voix d'avance sur Marine Le Pen, ce qui montre l'état de déliquescence idéologique des électeurs vierzonnais. Avec 34,91 % d'abstention et 11,29 % de bulletins blancs et nuls, l'électorat vierzonnais se montre non seulement divisé mais fâché avec la politique. Il faut sire que l'exemple local n'aide.
L'élection d'Emmanuel Macron nous évite tout de même une candidature spontanée du maire de Vierzon qui, en cas de victoire de l'extrême droite, avait annoncé qu'il irait au combat. Plus besoin qu'il se dérange à moins que la gauche ne réponde à son appel de faire de lui son candidat unique. Ce qui serait quand même une anomalie quand on sait combien, élu député sous François Hollande, il s'était dressé contre la politique du président socialiste.
1er tour des élections présidentielles : Vierzon, ville de gauche, qui a élu et réélu un maire communiste depuis 2008, a fait le choix, pour ces élections présidentielles de placer Marine Le Pen en tête, même devant Jean-Luc Mélenchon, qui avait cette place de choix en 2017. Emmanuel Macron est devancée par le chef des Insoumis de... vingt voix ! C'est dire que tout fout le camp au pays de la gauche radicale vierzonnaise.
Même Fabien Roussel fait un piètre score dans ce dernier bastion communiste avec 7,63%, quant à Anne Hidalgo, la candidate socialiste n'atteint même pas les 2% avec 1,44%... La droite n'est pas mieux, dans le choux, avec 2,94%.
Marine Le Pen finit donc en tête avec 26,72% devant Emmanuel Macron, 23,02% qui lui-même suit Jean-Luc Mélenchon avec 23,2%. L'écart de voix est peut-être faible, mais il est symbolique. Pour cette présidentielle, Vierzon a tourné le dos à la gauche radicale, sans doute que ses résultats au niveau local sont mauvais... Avec le score de Zemmour (5,79%), l'extrême-droite atteint presque les 25% des suffrages, un quart des électeurs vierzonnais a voté l'extrême-droite.
Nicolas Sansu, le maire de Vierzon, a expliqué, dans un tweet, "en pleine conscience, j’appelle à faire barrage à l’extrême-droite en utilisant le bulletin Macron. En regrettant que nous nous soyons tirés une balle dans le pied avec la division au 1er tour." Nicolas Sansu était de ceux au Parti communiste, qui avait voté contre une candidature du Parti aux Présidentielles.
En pleine conscience, j’appelle à faire barrage à l’extrême-droite en utilisant le bulletin Macron. En regrettant que nous nous soyons tirés une balle dans le pied avec la division au 1er tour @Fabien_Roussel @yjadot @AHidalgo2022 Et félicitations à @JLMelenchon
— Sansu Nicolas (@NicolasSansu) April 10, 2022
Analyse de 2017 : Les Insoumis et les Communistes ont beau se targuer d'avoir placé Mélenchon en tête des scrutins, à Vierzon, il n'en reste pas moins que le Front national progresse à une vitesse vertigineuse. Nous l'expliquions dès dimanche soir, avec 1.273 votants en moins en 2017 qu'en 2012, Mélenchon n'augmente son score que de 131 voix, depuis les dernières présidentielles, quand Le Pen s'ébouriffe de 614 voix supplémentaires. Qui osera dire que ce n'était pas couru d'avance ? Mais qui osera dire que les élus vierzonnais, notamment, ont tout fait pour contrer cette progression ? Même la circonscription Bourges/Vierzon, celle du député-maire de Vierzon, bascule au Front national, avec un score de 24,4% (12.701 voix) contre 22,6% pour Mélenchon (11.765 voix), soit un différentiel de 936 voix.
Autant dire que les deux Fronts, national d'un côté et de gauche de l'autre (que le député-maire de Vierzon tient toujours à nommer ainsi), sont au coude à coude. Est-ce que les résultats des présidentielles laissent présager ceux des législatives ? Est-ce qu'un député F.N peut souffler la place au député communiste sortant ? En toute humilité, le député sortant de Vierzon le dit lui-même : "Mélenchon reste le meilleur rempart contre le Front national et on va se rassembler au plus large pour conserver un député de gauche aux prochaines législatives". Etrange sémantique que celle du maire de Vierzon qui se met à parler de lui à la troisième personne quand il s'agit du député...
Reste que Vierzon doit faire avec ses plus de trois mille votants frontistes. Pourquoi ont-ils choisi Le Pen ? Quelle logique les font voter pour le parti extrémiste ? La situation de Vierzon n'y est sans doute pas pour rien. Depuis des mois, les élus ne cessent d'ignorer une réalité qu'ils ne veulent pas voir, pensant qu'en mettant la poussière d'une insécurité réelle pour les uns, virtuelle mais pesante pour les autres, sous le tapis, les élections passeraient sans encombre. C'est vrai, le Front de gauche a rempli son office mais en laissant déborder le vase du Front national. Ce qui teinte la victoire des Mélenchos/communistes d'une couleur peu réjouissante. Oui, les Insoumis sont premiers à Vierzon, mais leur candidat est éliminé au second tour.
D'autres causes pèsent sans aucun doute dans la balance ds électeurs du F.N. Non, la ville ne va pas bien, malgré les effets d'annonce des uns et des autres, des projets économiques qui ont pu naître ces derniers mois, sont invisibles dans la vie quotidienne des vierzonnais. La démolition de l'îlot Brnet/Rollinat semble apporter, malgré l'ambition positive du projet, plus de doutes que de certitudes. Les élus vierzonnais, trop occupés à remplir d'autres mandats que ceux que leur ont donné les Vierzonnais en 2014, ont abandonné le terreau local. Pourtant, il y en a des choses à réaliser à Vierzon, pas de vastes projets, non, des détails qui embelliraient la vie quotidienne. Or, on a l'impression que les élus sont déconnectés de cette vie-là. Pas étonnant que plus de 600 Vierzonnais sont tombés dans les bras du F.N. Le F.N est désormais troisième, à Vierzon, à 356 voix du Front de gauche. Et personne, une fois de plus, à Vierzon, ne veut prendre la mesure du problème.