Alors on s'absente un peu et qu'est-ce qui se passe pendant ce temps-là ? On découvre que le taux de pauvreté de la communauté de communes de Vierzon est le plus élevé du département; que le maire de Vierzon annonce son intention de peut-être ne pas se représenter en 2020 tout en se représentant sans vraiment se représenter; que l'îlot Brunet-Rollinat prend forme; que la délinquance diminue dans la ville, avec un rare exercice de langue de bois servi par un serviteur de l'Etat; qu'une péniche a atterri sur le bord du quai du bassin; que des panneaux de radar ont poussé le long de l'ancienne nationale 76 entre Vierzon et Bourges sans qu'il y ait pour autant des radars mais il y en aura peut-être, (on dirait la décision du maire de ne pas représenter tout en se représentant...); que la communauté de communes envisage d'investir deux millions d'euros pour une première tranche de travaux de rénovation du B3 de la Société Française sans savoir quoi y mettre...
Mais surtout, surtout, l'hôpital de Vierzon reste dans une incertitude totale sur l'avenir de certains services, l'intersyndicale campe dans la cour du centre hospitalier et lutte pour conserver l'offre de soins. Pendant ce temps-là, la mise sous tutelle de l'hôpital menace... La maternité du Blanc, dans l'Indre définitivement fermée creuse encore l'inquiétude des défenseurs de l'hôpital vierzonnais. L'intersyndicale sait que le combat est loin d'être fini.
Pendant ce temps-là, l'agence régionale de santé lance une expertise dont les résultats ne seront connus qu'en fin d'année et on annonce le sauvetage de la maternité en apprenant, en même temps, qu'il n'a jamais été question de la fermer... Le maire prévoit un référendum local sur l'hôpital le 2 décembre avec un enjeu purement politique car cette votation n'aura aucune valeur juridique. Mais il faut bien retourner la situation au profit des élus qui veulent leur part du gateau médiatique.
On s'absente plus de deux mois et personne, personne pour relever ces incohérences, pour hurler par-dessus la mêlée, pour ne pas dévorer avec appétit les plats qu'on veut bien nous servir. Personne pour dénoncer l'anesthésie générale d'une ville qui sélectionne ses combats au prorata de ses retombées médiatiques bienveillantes. On ouvre à grands renforts de communication des commerces, rue Joffre, quand on a méprisé pendant tant d'années ceux qui dénonçaient, dans l'indifférence générale, la fermeture des commerces les uns après les autres dans cette même rue. On noie le poisson en faisant croire que l'on se bat pour le commerce local en "com-mu-ni-quant" sur l'arbre qui cache la forêt. Petit à petit, l'anesthésie gagne du terrain à tel point qu'elle engourdit le mouvement de l'intersyndicale de l'hôpital comme elle continue d'engourdir la ville malgré les efforts pour détourner l'attention.
Vierzonitude avait fermé, de colère et de dépit, lorsque la maison de la presse de Vierzon avait mis la clef sous la porte le 21 juillet. On sait désormais, qu'il vaut mieux, dans cette ville, être un restaurant qu'une librairie indépendante, une star-up plutôt qu'un commerce de proximité, une voirie de zone industrielle qu'une voirie de centre-ville. Des lecteurs de Vierzonitude, même en désaccord avec ce qu'ils avaient pris l'habitude de lire, ont regretté le vide laissé par la fermeture du blog. Comme quoi, la valeur de la contradiction et de la critique bouge encore. Alors, Vierzonitude rouvre sa boutique, relève son rideau, sa colère et son dépit intacts, pour l'hôpital de Vierzon, pour les commerces, pour l'état des rues, pour tout ce qui ne se dit pas, pour la beauté des débats, pour enrayer la parole unique et la pensée officielle, et surtout parce que les fourmis dans les doigts, ça démange trop...