Ce qui se passe dans la rue est l'exact inverse de ce qui se déroule à l'Assemblée nationale. A croire que certains élus ont perdu toute dignité, à moins que ce ne soit un concours de celui qui ira le plus loin. La radicalité de certains politiques en dit long sur la conception qu'ils ont de la démocratie et de la liberté d'expression. Pendant que les syndicats organisent la résistance dans la rue, les élus engendrent le bordel à l'Assemblée nationale. On se demande s'ils ne souhaiteraient pas prendre la place des syndicats pour s'octroyer les bénéfices, s'il y en a, d'une possible reculade du gouvernement sur l'âge de la retraite.
Ce ne sont plus des débats mais des flots de haine, d'irrespect de la personne, quand bien même elle ne pense pas comme eux. Faire croire qu'un million et demi, voire même deux millions de personnes représentent la majorité des mécontents est une tromperie. Qu'il y ait une pression populaire sur les décisions contestées du gouvernement, c'est l'exacte définition du droit de grève. Mais croire, comme le font certains partis, aussi minoritaires que la majorité peut l'être dans l'hémicycle qu'ils ont le monopole de la raison, c'est imposer un diktat indigne de démocrates.
L'opposition n'est plus seulement dans l'opposition, si tant est qu'elle fut constructive un jour, mais dans l'obstruction qui doit mener à ce combat de coq où le recul sur l'âge de la retraite vaut une revanche par rapport aux dernières élections législatives. Les débats sont inaudibles, les arguments pas moins. Ce n'est plus de la politique, c'est de l'épandage de lisier sur les terres de la République. Il n'y a que les radicaux qui s'y retrouvent, ceux qui hurlent pour hurler, qui conteste pour contester.
Dire que la gauche intelligente permet ce genre de spectacle, c'est bien la preuve qu'elle est perdue dans ses propres démons. Ramener les électeurs dans ses filets, en maniant l'insulte, la haine, l'irrespect et en secouant la crasse de twitter en croyant semer des nuages, c'est montrer aux électeurs que, finalement, le Rassemblement national avec tous les reproches qu'on lui fait serait de gauche. A moins que ce ne soit le contraire...