"Au regard du peu d'arguments présentés dans le dossier, et faute d'une étude de marché, on peut s'interroger à ce stade sur l'utilité de cet équipement, voire sur son opportunité". Nous sommes en janvier 2011. La communauté de communes de Vierzon vient de demander une subvention à la Région pour la création du.... centre routier, rebaptisé Pôle poids-lourds et logistique.
Cette phrase est extraite d'une note de quatre pages, qui en février 2011, aura nourri une lettre adressée au président de la communauté de communes de Vierzon lui demandant un certain nombre de documents comme "la production d'un étude de marché incluant des déclarations d'intentions d'opérateurs privés envisageant d'installer une offre de services connexes, voire leur engagement."
Neuf ans plus tard, hormis un beau parking et un restaurant, le centre routier n'a de centre routier que le nom qu'on veut bien lui donner. : pas d'offre d'hôtellerie, de station de lavage, de gardiennage pour les poids-lourds, station de contrôle technique, station-service...)
Alors, le comité citoyen créé récemment contre la construction d'une plate-forme logistique de 88.000 mètres carrés face au centre routier, a de quoi douter sur les bonnes intentions de nos élus promoteurs. D'autant qu'en 2011, les élus communautaires estimaient que "cette plateforme dédiée à l'accueil des poids-lourds et que les services connexes" créeraient "une trentaine d'emplois." Où sont-ils ? Mais surtout où sont les services connexes ?
Entre le projet sur le papier et la réalité, il y a un gouffre. Hormis avoir bitumé et bétonné une prairie, enfermé un très beau chêne entre les bordures d'un giratoire, on ne voit pas très bien la finalité du projet. On nous explique que sans lui, les poids-lourds stationneraient toujours à droite et à gauche. C'est toujours le cas...
La Région précisait bien la fonction de ce lieu : "accueillir les poids-lourds en transit" et "offrir des services directement liés aux transports et aux chauffeurs", via "des opérateurs privés." A part le restaurant, il n'y a rien d'autre qu'un parking de 20.000 mètres carrés pour accueillir 80 poids-lourds. Mais surtout, ce centre routier est à l'opposé de l'entreprise Combronde, aux Forges, qui transvase des conteneurs des trains aux camions.
La Région s'inquiétait surtout du manque d'éléments quant "aux besoins des transporteurs et des chauffeurs", "à l'impact sur l'environnement", "au mode de gestion du site." Des interrogations que le collectif citoyen contre la plateforme XXL se pose déjà. avec une foule d'autres tout aussi légitimes. Mais la communauté de communes avait-elle l'intention de créer un vrai centre routier.
Car la Région souligne, en janvier 2011, que "le dossier de présentation de l'opération laisse penser que le projet est une offre de service "globale" qui inclut une offre de restauration et d'hôtellerie pour les chauffeurs. Cependant, les travaux pour lesquels une subvention est demandée se limite à une aire de stationnement pour les poids-lourds." La communauté de communes avait revu sa copie avec l'implantation du restaurant. Et c'est tout.
A l'époque, ce projet allait même à l'encontre du report modal de la route vers le fer car rien n'indiquait non plus que "ce centre routier pourrait favoriser l'intermodalité route/fer." La région conseillait même d'anticiper "des mutations économiques sur Vierzon" comme "les services à la personne, gérontologiques et celui du handicap (mais le projet a échoué) qui peuvent être porteurs", et "la filière bois."
En matière d'environnement, la région pointait des impacts "sur la qualité de l'air, sur le bruit, l'artificialisation d'espaces agricoles (deux hectares), produits dangereux sur le site en transit"... A plus grande échelle, la plateforme logistique dont on ne sait pas ce qu'elle accueillera comme entreprise, peut en effet susciter des interrogations. Surtout quand on voit comment a été mené le projet de centre routier. Et ce qu'il a englouti comme argent public.