Voir surgir Saint-Amand-Montrond du dernier Jérôme Loubry n'est pas étonnant. Cet écrivain a le Boischaut dans les veines. Mais voir surgir Saint-Amand-Montrond au cœur de ce livre plus noir que le noir est plus surprenant. Les Refuges est du très bon Loubry. Tordu. Mais très bon. L'auteur vous emmène dans une histoire qui après al'avoir assimilé en devient une autre.
Mais qu'a fait Loubry de son lecteur à ce moment-là du livre ? On est bien sur cette île, avec cette jeune journaliste dont on peine à saisir le passé mais qui doit se rendre sur une île après la mort de sa grand-mère qu'elle n'a jamais connu.
Alors, on part avec elle, dans les secrets de cette île et de ses habitants. On remonte le temps, juste après la seconde guerre mondiale. Il y a des enfants. Un drame. Et là, au moment où l'on se dit que le roman navigue tranquillement vers la solution au mystère, en voici un autre plus épais, plus obscur, plus psychologique.
Et l'on rame, jusqu'à l'île, jusque dans le cerveau de la jeune journaliste. Tout ce que l'on avait construit se défait. Nous voici sans plus rien que la foi de l'auteur qui sait où nous emmener. Les refuges, c'est tout ce que l'on veut croire pour éviter d'autres vérités plus tranchantes. Alors, croyez-nous, ce libre-là, ce Loubry-là se mange d'une traite, sans pause, sans digestion entre deux plats. On vous le recommande à 200%.
Les Refuges de Jérôme Loubry aux éditions Calmann Levy Noir, 391 pages. 19;90 euros.