Rien n'est plus clivant qu'un article du Figaro au pays de l'Humanité, de Pif Gadget et des Bisounours ! Sur les réseaux sociaux, on se déchire, on s'écharpe à tel point que, la réalité telle qu'elle est écrite dans le Figaro, oblige certains à se boucher les yeux. Un internaute, fidèle lecteur de Pif, appelle même au boycott de l'article. Surtout ne lisez pas, braves gens, cela risque de vous influencer ! Et puis surtout, c'est le Figaro, pas l'Humanité, ces gens de la droite capitaliste en veulent à Vierzon. C'est un complot. La droite a le sien avec Fillon mitraillé par des officines. Vierzon a son complot aussi, ourdit par de méchants journalistes d'un canard de droite.
Ce serait presque drôle si cela n'était pas aussi affligeant. Dans une ville qui, au lendemain des attentats de Charlie-Hebdo, clame avec ses élus, place de l'Hôtel de vile, son amour pour la liberté d'expression, est incapable de regarder en face, une réalité qui dérange. Oui, l'insécurité à Vierzon n'existe pas, c'est bien connu. Il n'y a ni cambriolage, ni coups de feu dans les rues, ni agressions, ni quoi que ce soit qui défrise le bon peuple vierzonnais. Laissons cette réalité aux élus qui la vendent à leurs électeurs. Et que certains croient, c'est pire que tout.
Sur les réseaux sociaux, l'article a fait réagir. Normal. Un groupe Facebook de Vierzonnais en est même arrivé à désactiver les commentaires. Les débats, ce n'est pas sain. Mais quand on censure les débats, c'est pire. Impossible de parler, dans cette ville, des choses qui fâchent sans que les élus deviennent paranoïaques. Ce n'est quand même pas la presse, même de droite, qui invente les propos du sous-préfet de Vierzon s'accordant à dire que la ville n'est pas sûre mais qu'au regard de sa population, on s'en sort bien... Ce n'est pas la presse capitaliste qui met dans la bouche du maire anti-capitaliste, des propos incitant à minimiser les insultes faites aux jeunes filles qui se promènent dans la ville...
Que certains veuillent boycotter un article qui ne leur plait pas, cela a toujours été. La prochaine fois, le "système" fera venir l'Humanité pour un publi-reportage et l'on n'en parlera plus. Etrangement, quand la Préfecture explique que les cambriolages ont augmenté à Vierzon ainsi qu'une certaine violence, les élus et leurs militants ne mouftent pas. Mais quand ça sort dans un journal dont les idées sont radicalement opposées au pouvoir vierzonnais, là, c'est un crime de lèse-majesté législative.
On attend la journal municipal et la prochaine édition de 18 pour rétablir la vérité. Pendant ce temps-là, on regarde le spectacle de cette agitation et on rigole bien. Vierzon n'est pas pire qu'une autre ville, mais elle n'est pas mieux non plus. Que des actes de délinquance et des incivilités agacent les Vierzonnais, cela semble légitime. Que la réalité d'une ville comme Vierzon pique les yeux de celles et ceux qui ne veulent rien voir, c'est plus gênant. Quant au débat, circulez, la censure reprend ses droits. On va vous expliquer quoi dire et comment voir Vierzon !