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Vierzonitude

Le blog que personne ne lit... mais dont tout le monde parle


Cette berge du canal, de fer et de vert

Publié par vierzonitude sur 13 Juin 2019, 19:20pm

Cette berge du canal, de fer et de vert

"Je peux difficilement longer le canal de Berry, entre l'auberge de jeunesse et la passerelle Georges Poitreneaux, sans penser à ma mère. J'ai toujours, à fleur de souvenir, ces balades destinées à cueillir des violettes, le long du grillage de la Case, derrière lequel, propres et beaux car surtout neufs, étaient alignés les backooes jaunes qui descendaient de l'usine, rue Maxime-Gorki (aujourd'hui rue de la Société-Française) jusqu'au site du canal.

Difficile de ne pas penser à elle, sur cette berge sucrée-salée, où le vert le dispute encore au fer. Où les arbres ont pris leurs aises, ont épousé le grillage, se sont fondus aux poteaux de ciment et d'acier. Étrange paysage où ici, la nature n'est jamais très loin de l'industrie ou du moins ce qu'il en reste. Si l'industrie est morte, le fer est resté.

C'est là qu'on croise des vestiges d'engins agricoles que l'association de la Mémoire industrielle met ici, au rebus. Le vert s'immisce, les branches, les feuilles, la souplesse des arbustes, des plantes invasives circulent sur la ferraille comme le sang dans les veines. Il n'y a plus de violettes, plus de raison à mes balades d'enfant. Mais le décor est resté, fidèle à ce que mes yeux de gosse buvaient, le long de la berge. Ici, le canal est comme nulle part ailleurs.

L'écluse immobile qui ne débouche sur rien. La rouille qui emprisonne des gestes déjà trop raides. La berge est restée la même. Le grillage s'use, rongé, coupé, écrasé. Les ferrailles, de l'autre côté, offrent leurs formes de roues, de dents, d'engins raides comme la justice, disait ma mère. Des expressions comme celles-ci, elles en avaient un paquet qui me reviennent aussi, au grès des courants.

Ici, dans cette portion du canal, la Case et la Société-Française, sont indissociables du paysage. En premier plan, en arrière plan, on peut feuilleter l'histoire, remonter le temps, bouffer tous ces détails. Toujours pas de violettes. Parties avec l'eau des années.

A moins qu'elles n'aient existé que dans le regard de ma mère ou dans sa promesse de promenade. A moins que les violettes aussi aient été licenciées, liquidées du décor, virées par-dessus bord, comme des malpropres. Mais la nature a repris ce que l'on lui avait soustrait. Elle serpente avec appétit, recouvre, emmêle, embrasse, ose défier le fer. 

Je ne m'étais pas méfié. Je ne savais pas que j'avais laissé tant de moi ici, tant de micro-souvenirs, de sensations, de palpitations. J'ai refait le chemin, comme si c'était un hier, un lointain hier, dans les jupes de ma mère, dans son ombre, dans son sourire avec ou sans violettes, dans cette parenthèse d'enfant. J'ai presque cru entendre des bruits oubliés, le craquement du soleil sur le chemin comme une biscotte, l'agitation des hommes derrière le grillage, la promesse de quelque chose qu'on appelait peut-être l'insouciance. 

Plusieurs fois, je me suis retourné, pour savoir si ma mère était toujours derrière moi, car je marchais si vite sous les arbres enlacés avec le fer, que je ne voulais pas la perdre, avec le parfum des violettes. Et quand je me suis retourné, fatalement, le présent avait pris sa place. Et dans ce présent-là, je ne suis plus l'enfant sur le chemin de halage. Mais l'adulte qui court après son ombre ancienne. C'est étonnant comme un simple canal, à Vierzon, peut engourdir le temps jusqu'à la retrousser."

Cette berge du canal, de fer et de vert
Cette berge du canal, de fer et de vert
Cette berge du canal, de fer et de vert
Cette berge du canal, de fer et de vert
Cette berge du canal, de fer et de vert
Cette berge du canal, de fer et de vert
Cette berge du canal, de fer et de vert
Cette berge du canal, de fer et de vert
Cette berge du canal, de fer et de vert
Cette berge du canal, de fer et de vert
Cette berge du canal, de fer et de vert
Cette berge du canal, de fer et de vert
Cette berge du canal, de fer et de vert
Cette berge du canal, de fer et de vert
Cette berge du canal, de fer et de vert
Cette berge du canal, de fer et de vert
Cette berge du canal, de fer et de vert
Cette berge du canal, de fer et de vert
Cette berge du canal, de fer et de vert
Cette berge du canal, de fer et de vert
Cette berge du canal, de fer et de vert
Cette berge du canal, de fer et de vert
Cette berge du canal, de fer et de vert
Cette berge du canal, de fer et de vert
Cette berge du canal, de fer et de vert
Cette berge du canal, de fer et de vert
Cette berge du canal, de fer et de vert
Cette berge du canal, de fer et de vert
Cette berge du canal, de fer et de vert
Cette berge du canal, de fer et de vert
Cette berge du canal, de fer et de vert
Cette berge du canal, de fer et de vert
Cette berge du canal, de fer et de vert
Cette berge du canal, de fer et de vert
Cette berge du canal, de fer et de vert
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P
Comme Angkor au Cambodge...la nature reprend ses droits...
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