Djamila Kaoues, citoyenne, élue de Vierzon et militante écologiste s'exprime sur la 5 G.
La 5G : pour un nécessaire moratoire, au nom du principe de précaution
« Oser : le progrès est à ce prix », disait l’héritier des Lumières, Victor
Hugo. Dans cette société du « toujours plus », toujours plus performant, rapide, intelligent, l’usage de la 5G, qui, dit-on, révolutionnerait notre quotidien, serait-il aussi inoffensif pour la santé publique qu’on le prétend ? Beaucoup de Français expriment une inquiétude légitime sur les possibles effets délétères du déploiement de la 5G et des réponses devraient leur être apportées.
En premier lieu, on peut se demander quels sont les coûts attendus de cette technologie. Pour les industriels, notamment les opérateurs de téléphonie, on devine que la manne est immense. Mais pour nous, « simples » citoyens, c’est le prix à payer pour notre santé qui nous interroge. Y-a-t-il des risques à développer des terminaux, à multiplier des débits toujours plus élevés ? Peut-on présumer de la dangerosité ou de l’innocuité de la 5G sans qu’elle n’ait été testée adéquatement ? Qu’en est-il de l’exposition au long cours aux ondes millimétriques, aux antennes à foison ? Ce sont là autant de questionnements légitimes auxquels on nous oppose une fin de non-recevoir.
En effet, si l’on décrypte un peu l’actualité autour de la 5G, il semblerait, d’après un président Macron toujours prompt à diviser les citoyens, que deux camps se dessinent : celui des gens éclairés, ouverts au monde, habitants des zones urbaines et rurales intelligentes, bref des adeptes de l’innovation. Face à eux, se tiendraient les ennemis du progrès, prisonniers d’un temps révolu. Autrement dit, le simple fait, pour le Français ordinaire, d’émettre des réserves sur une technologie omniprésente, suffit à se voir caricaturé en ignorant, voire en ennemi de la modernité.
Un tel clivage, aussi dénué de nuance que de finesse, empêche tout dialogue apaisé. On peut, évidemment, fort bien apprécier le progrès technologique et le confort qu’il confère, tout en aspirant à vivre une vie saine, à l’écart de toute pollution, et exiger au nom du principe de précaution, un moratoire préalable au déploiement de la 5G, le temps d’une étude sur son impact potentiel sur notre santé, celle de nos enfants. C’est cette option raisonnable et raisonnée que soutiennent les écologistes. Il serait regrettable que l’engouement (compréhensible) pour une connexion rapide et sans latence suffise à justifier que l’on fasse fi des débats indispensables sur la santé publique.
Assurément, « le monde d’après » de Macron n’est pas le nôtre. Assurément, sa propension à soutenir des calculs politiques et un libéralisme sournois nous prouve, s’il en était besoin, que les engagements du président en défense de l’environnement et de la biodiversité ont constitué des sujets incontournables... le temps d’une campagne électorale ! Car, si ses belles promesses avaient été sincères, elles auraient été traduites en mesures concrètes pour réduire notre empreinte carbone, lutter contre le réchauffement climatique et sauvegarder la santé de nos concitoyens. Nous sommes de plus en plus nombreux, en France et au-delà, à exprimer une vive inquiétude à propos de ces thèmes d’importance majeure si peu considérés, dans un contexte d’incertitude exacerbée par la pandémie. Oser le progrès, oui, à condition qu’il ne s’oppose pas à nos droits fondamentaux. La 5G pose des questions de santé publique et les risques éventuels qu’elle fait peser pour toutes les formes de vie, humaine et animale, sans oublier la faune et la flore, doivent être évalués avec rigueur et honnêteté.
Nous souhaitons évidemment rester connectés au monde qui nous entoure, mais sans lui nuire. Faciliter l’innovation en matière de santé ou des actions innovantes autant qu’efficientes ne doit pas se faire au détriment d’un monde juste et sécurisant pour tous. Or, à force de confondre vitesse et précipitation, on ne fait que se diriger vers ce monde obscur auquel on prétend s’opposer. Et je ne désigne pas, par ces mots, les Amish ou quelque groupe que ce soit, dès lors que leurs choix de vie sont le fruit d’une philosophie de vie et de choix librement consentis. Décidément, les ignorants ne sont pas ceux que l’on dit.