En une brassée de poussière, plus épaisse qu’une poignée de secondes, l’ancien immeuble des Nouvelles-Galeries est parti en fumée. C’est aujourd’hui, jeudi 20 juillet, dans l’après-midi, il faudra s’en souvenir, non comme un regret, un remords ou une erreur, c’est vrai il y a en a tant eu, mais comme une nouvelle chance. Bien sûr, ils sont nombreux ceux qui se demandent ce qu’il va y avoir à la place, une vaste plaine, comme l’esplanade de la Française, où plus de fantômes se croisent que d’habitants. On espère vivement que ce sera mille fois mieux.
Mais si Vierzonitude a pris fait et cause pour cette démolition, c’est que plus d’un siècle plus tard, enfin, le visage de ce centre-ville va pouvoir changer. Souvenons-nous qu’en 1937, il y a 80 ans, les quatre communes (Villages, Forges, Bourgneuf, Ville)ont essayé de fusionner, essayé car ce ne fut pas une réussite. La preuve : chaque commune a gardé son identité de quartier spécifique, c'est une bonne nouvelle mais il n'y a pas d'unité, pas de lien, pas de vrais traits d'union entre ce trèfle à quatre feuilles. Et le centre-ville de Vierzon est resté comme celui de 1937. Huit décennies plus tard, nous avons une chance, à condition de ne pas la gâcher, de faire de ce centre-ville, autre chose qu’une image du passé qui a mal vieilli, autre chose qu'un conglomérat de vieux immeubles, d'ombres, de trottoirs étroits. A condition de s'intéresser aussi, et surtout, à l'avenue de la République, à la rue Joffre, rue Gallerand, place Gallerand, aux places du Mail et Foch...
Le comblement du canal fut une erreur, la construction du Forum république fut une erreur, de nombreux bâtiments ont cédé à l'aspect pratique plus qu'esthétique, ce sont autant d'erreurs, l’absence de plan à long terme pour le site de la Française fut une erreur, l’immobilisme qui a prévalu depuis 1937 fut une erreur car à force de vouloir faire grandir une ville qui s’est vidée de ses habitants, on a créé une coque vide, sans âme, difficile à entretenir, objet désormais d’une désertification commerciale et d’atouts positifs qui ne compensent pas les problèmes. La ville est coupée en deux : entre ceux qui la sous-estiment et ceux qui la surestiment, il y a sans doute un juste milieu à trouver. Bien sûr, la démolition de l’immeuble des Nouvelles-Galeries, ne réglera pas tous les problèmes de cette ville, elle ne parviendra pas à lisser une image qu’on laisse se dégrader, une situation qui s'enlise une réalité qu'on refuse de regarder en face. Cette démolition n’est pas LA solution, mais l’une d’elle, à condition, bien sûr, de ne pas se tromper.
Au cours des débats, sur ce blog, on a vu clairement que la destruction d’une partie de la rue Armand Brunet ne faisait pas l’unanimité, qu’il y avait de la méfiance légitime, tant on a gâché, à Vierzon, des chances qui ne repasseront plus. Il faut toutefois se ranger à l’évidence : l’immeuble n’existe plus, la vue va changer, la vie c’est autre chose. Il faudra être vigilant sur les choix, les aménagements car on repart pour cinquante ans aujourd’hui. Et Vierzon ne souffrirait pas d’une nouvelle erreur. On peut regretter, se réjouir, on peut soupirer, on peut se dire que c’est dommage, que c’est tant mieux. Les faits sont là. L’immeuble est tombé, la moitié de la rue est à terre. C’est là que tout commence. Contrairement à ce qu'on peut penser, tout commence.