On se demande ce qu'il faut vraiment sauver : l'avenir de l'hôpital de Vierzon ou la crédibilité politique de la majorité municipale ? Car ce qui n'était pas prévu, dans le plan de communication de la majorité, c'est que la grève à l'hôpital s'arrête et que, parait-il, l'hôpital soit sauvée sur la bonne foi d'un projet médical qui garde tous les services du centre hospitalier comme tout le monde le souhaite. Du coup, à l'eau le referendum d'initiative populaire prévu avec d'autres villes dont les hôpitaux sont en difficulté.
A l'eau, Vierzon carrefour des hôpitaux en souffrance puisque le sien est sauvé du chaos... Du coup, alors que l'intersyndicale a levé le camp gaulois, suspendu la grève illimitée, il n'y a pas de raison de mobiliser les citoyens. La mairie se vante d'avoir sauvé la maternité, les médecins ont sauvé les services en présentant leur projet médical à l'agence régionale de santé pendant que deux agents faisaient une grève de la faim et que l'intersyndicale faisait pression.
Donc, tout le monde a un peu quelque chose à y voir dans le sauvetage (présumé) de l'hôpital de Vierzon. Mais il faut plus, la preuve, avec le maintien de la réunion de ce jeudi soir, le grand rassemblement de soutien à notre hôpital pour lequel la mairie a sonné les cloches ! Publicité dans la presse locale, envois massifs de SMS pour rappeler que la réunion était maintenue. Une façon de clore la séquence et de ne pas laisser ce soin à l'intersyndicale de l'hôpital de la faire.
Si la mairie avait été aussi sûre de mobiliser, elle n'aurait pas pris toutes ces précautions, y compris engager l'argent du contribuable dans une publicité. Mais alors, si la maternité ne ferme pas, si l'hôpital est sauvé, si la dette est envolée, si le déficit n'existe plus, si les praticiens accourent à Vierzon, pourquoi organiser un tel rassemblement de soutien, si ce n'est pour un bénéfice politique, une démonstration de force ? Ou alors, la réalité décrite ces derniers jours n'est pas aussi belle. Il vaut mieux assurer ses arrières.
C'est là que le combat pour l'hôpital, politique, verse dans la politique politicienne, dans une mise en scène désuète qui n'a pour but, non pas maintenir une pression, puisque l'hôpital est sauf, mais tirer le bout de couverture qui reste à soi. Car expliquer qu'on se méfie, qu'il faut rester sur ses gardes, que rien n'est gagner, c'est défendable. Mais si le rapport de la cour régionale des comptes ne va pas dans le sens de cet optimisme ambiant, si l'hôpital c'est encore possible, se retrouve sous administration provisoire, c'est encore possible, ce sera plus difficile de mobiliser contre une telle réalité.